Bravo à la ligue pour s’être tenue debout
Les chiffres le prouvent : les assistances ont augmenté cette saison dans la Ligue de hockey junior Maritimes Québec malgré une baisse marquée des combats sur glace. Ça veut dire que de plus en plus d’amateurs ne souscrivent pas à la mentalité disant que
Je le constate dans les courriels que vous m’envoyez. Les probagarres ne sont plus qu’un ou deux sur 10. Tout un changement par rapport à l’époque où j’ai commencé à condamner la chose.
C’était à la fin des années 1980. Les lettres que je recevais au bureau étaient sans appel. J’étais magané pour reprendre une vieille expression revenue à la mode. J’étais une mauviette et un braillard qui n’avait pas joué la game.
LA FORCE DES IMAGES
Le ton a commencé à changer avec la diffusion en boucle d’images violentes dans les années 2000. Puis la publication de multiples études scientifiques portant sur les conséquences des coups à la tête a conscientisé les gens.
À cet égard, je suis tombé de ma chaise en entendant Gary Bettman répéter pour la millième fois, la semaine dernière, qu’au contraire, la science n’avait toujours pas établi un lien entre les coups à la tête et l’encéphalopathie traumatique chronique (ETC). Me semble que je me tairais.
On comprend tous que c’est une question d’argent. La Ligue nationale de hockey se retrouverait avec des poursuites atteignant des milliards de dollars en admettant que des coups de poing répétés au cerveau causent des lésions irréversibles.
Tout est lié à l’argent dans ce bas monde.
Pendant longtemps, les propriétaires et les entraîneurs d’équipes juniors n’avaient aucun scrupule à dire par la voie des journaux : « Il va se donner des coups de poing sur la gueule à l’aréna, vendredi soir. »
Tout ça sur le dos d’adolescents qui rêvaient de jouer dans la LNH et qui étaient prêts à se transformer en boxeurs sur patins pour y arriver. C’était de l’exploitation de la part d’adultes qui donnaient des miettes à leurs joueurs en guise d’allocations.
L’EXEMPLE DEVRAIT VENIR D’EN HAUT
L’ancien commissaire de la LHJMQ, Gilles Courteau, avait compris que cette situation ne pouvait plus durer. Les choses ont commencé à changer avec lui. Mario Cecchini continue dans la même voie.
La LHJMQ mérite des félicitations pour sa position anti-bagarre. Le hockey est déjà un sport assez rude, voire violent, sans que des joueurs versent dans la boxe. Cette mesure n’est pas unique au circuit québécois, on le sait.
Il n’y a aucune raison que ça nuise aux chances de ses joueurs d’être repêchés par des équipes de la LNH. Les joueurs européens et de la NCAA, qui sont soumis à la même règle maintenant en vigueur dans la LHJMQ, n’échappent pas à l’attention des bons recruteurs.
Fait paradoxal, c’est que l’exemple ne vienne pas d’en haut.
Si la LNH interdisait les bagarres depuis longtemps, les circuits inférieurs n’auraient pas eu le choix d’emboîter le pas. La visibilité que les médias accordent à Matt Rempe, qui a envoyé deux adversaires à l’infirmerie avec des coups de tête sur le museau, relève de l’indécence.
Qu’on cesse de dire aussi que les bagarreurs sont là pour protéger leurs petits coéquipiers et que les bagarres servent à réduire les coups salauds. Là-aussi les chiffres sont révélateurs. Les actes déloyaux ne sont pas plus nombreux. Que les arbitres et le comité de sécurité des joueurs imposent des sanctions exemplaires et le problème se réglera de lui-même.
Mieux vaut prévenir que guérir. Il ne faudrait pas attendre qu’un joueur devienne infirme ou meure. Les tragédies sont trop nombreuses pour que l’on continue à fermer les yeux et faire la sourde oreille.