Un détecteur, « ça sauve des vies »
Six personnes ont péri dans un brasier en 2023 alors qu’il n’y avait aucun avertisseur de fumée dans la maison
Le grand-père d’une famille décimée par un incendie qui a fait six victimes dans Lanaudière appelle les Québécois à se munir d’avertisseurs de fumée, dans la foulée du rapport du coroner qui révèle qu’aucun système de détection n’était en place lors du drame.
« Ils ne vendent pas ça pour le fun. Ça sauve des vies », laisse tomber au bout du fil Pierre Guillemette.
Tout indique qu’aucun avertisseur de fumée n’était présent ou fonctionnel quand son fils de 27 ans, Alex Guillemette, et sa conjointe, Catherine Bouchard-Paulin, 28 ans, sont morts dans les flammes, à Saint-Jacques, en février 2023.
Leur bébé de 2 mois, Ollie, a aussi péri, de même que les autres enfants de
Mme Bouchard-Paulin : Maïté-Héra, Jake et Alyanna, âgés de 3 à 8 ans.
MYSTÈRE
L’embrasement de la résidence a progressé à une vitesse fulgurante. Un an plus tard, la source exacte du feu demeure inconnue.
« Ça va toujours rester un mystère dans ma tête », fait valoir Pierre Guillemette.
Néanmoins, certains détails sur les circonstances du drame ont émergé dans le rapport du coroner Alain Manseau.
Par exemple, sur les images d’une caméra, de la fumée en mouvement est aperçue dans la cuisine. Les cris d’une personne adulte et un enfant résonnent.
Mais surtout, aucune alarme d’urgence ne se fait entendre.
« On n’a pas trouvé de détritus [d’avertisseur] de fumée dans les décombres », confirme en entrevue Me Manseau.
« Ça peut arriver à n’importe qui », prévient le coroner.
Et les statistiques abondent en ce sens. Plus de 30 % des bâtiments résidentiels incendiés annuellement n’ont pas de système de détection en bon état ou n’en ont carrément pas, selon le ministère de la Sécurité publique du Québec.
TROIS MINUTES POUR AGIR
« Les secondes comptent », dit Francis Fleury, directeur à la recherche et au développement pour l’Association des techniciens en prévention incendie du Québec.
« En dedans de trois minutes, la maison est remplie de fumée. Ce sont trois minutes importantes pour sortir de sa maison ou son appartement », souligne-t-il.
Il est par ailleurs recommandé aux citoyens de préparer d’emblée un plan d’évacuation pour être prêts face à un éventuel incendie.
Dans le cas de la famille d’Alex Guillemette et Catherine Bouchard-Paulin, un avertisseur de fumée aurait pu changer les choses, avance le coroner Manseau.
« Les chances de survie sont augmentées », affirme-t-il.
Une visite de prévention à l’été 2022 avait déterminé que la résidence était conforme, a fait savoir au Journal François Thivierge, directeur du Service de sécurité incendie de la MRC de Montcalm.
TRAVAUX EN COURS
Notons cependant que la maison familiale faisait l’objet de travaux au moment du drame. Pierre Guillemette ignore si un avertisseur aurait ultimement changé l’issue du triste événement. Il dit avoir tout de même été capable de faire son deuil.
« Il faut que tu la tournes, la page, insiste M. Guillemette. Ce sont des épreuves de la vie [qu’il faut surmonter]. »
Il se console à l’idée que si son fils avait survécu, il aurait potentiellement traîné de lourdes séquelles physiques et psychologiques.