Le Journal de Montreal

Un mets local du Bas-du-Fleuve aussi en péril

- JULIEN MCEVOY

Les téléphones se faisaient aller, hier, dans les restaurant­s du Bas-du-Fleuve. La fermeture de l’usine de transforma­tion de crevettes à Matane pourrait les empêcher de s’approvisio­nner en précieux crustacés cet été.

« On en vend pas mal, j’espère qu’on n’en manquera pas », lance Jules Lemieux, comme pour se rassurer luimême. Le président de Place Lemieux exploite le Restaurant du Phare et une poissonner­ie, à Rimouski.

À quelques semaines du début de la saison de la pêche, ses congélateu­rs sont encore pleins. Il lui reste des crevettes de Matane à vendre, pour l’instant.

« Faut [que] j’en garde pour cet été, je ne sais pas encore où je vais les acheter cette année », dit-il. Sa journée d’hier était dédiée à trouver une nouvelle usine où s’approvisio­nner.

Un peu plus bas sur la rive du SaintLaure­nt, à Kamouraska, Madi Hassaoui ne sait pas sur quel pied danser. Le chef propriétai­re de la cantine Grand’Ourse ouvre fin avril et il n’avait pas encore parlé à ses fournisseu­rs hier.

« On s’attendait déjà à une pénurie », dit-il, résigné à servir davantage de guédilles au homard que de guédilles aux crevettes à ses clients cet été.

L’IMPORTATIO­N POUR SURVIVRE

L’avenir de la crevette de Matane est sombre, ça, c’est clair. Les stocks diminuent à vue d’oeil, les quotas aussi.

Pour assurer leur avenir, les transforma­teurs de crevettes devront songer à importer le produit, s’attriste le préfet de la MRC de La Matanie, Gérald Beaulieu.

« On va probableme­nt devoir importer des crevettes congelées, mais ça coûte plus cher à cause du transport. Ce sont des crevettes qui ont été congelées et transporté­es sur des bateaux. Elles arrivent ici, on les dégèle, on les transforme et on les recongèle encore pour les mettre sur le marché. Ce n’est pas la même saveur et qualité de crevette, mais ça va finir par faire travailler le monde pendant la transition », dit celui qui est aussi maire du village de Baie-des-Sables.

Il y a à peine 15 ans, se souvient l’élu local, on transforma­it 15 millions de livres de crevettes par année au Québec.

« Il reste environ 500 000 livres à transforme­r cette année dans nos trois usines », résume-t-il.

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