Premières boîtes de seringues souillées dans le métro
La hausse a incité la STM à agir
Confrontée à une hausse des plaintes pour des seringues souillées laissées à la traîne dans son réseau, la Société de transport de Montréal déploie pour la première fois des boîtes afin de récupérer ces aiguilles dans plusieurs stations de métro, a appris Le Journal.
Depuis quelques semaines, au bout du quai de la station Papineau, deux contenants métalliques fixés au mur ont fait leur apparition, avec des autocollants incitant à y déposer des seringues.
« Nous avons un projet pilote en cours d’une durée de six mois qui vise à installer des boîtes pour récupérer les seringues », a indiqué Amélie Régis, porte-parole de la STM.
Selon des données obtenues par Le Journal, la société de transport a vu le nombre de plaintes concernant la présence de seringues augmenter en 2023 : elle en a reçu 73, par rapport à 66 en 2022. En date du 29 février, les usagers avaient déjà soumis 31 plaintes pour l’année 2024.
«On peut se faire mal avec ça [les seringues qui traînent]. Le métro, ce n’est pas vraiment la place pour consommer. Ce n’est pas sécuritaire », s’inquiète Raphaël, un usager du métro croisé à sa sortie de la station Papineau.
« Les seringues laissées en station par les utilisateurs de drogues injectables ont un impact sur le sentiment de sécurité et nuisent au bon déroulement des travaux de nuit », renchérit Amélie Régis de la STM.
Dans le cadre du projet pilote, de premières boîtes ont été installées en 2023 à l’extérieur des stations Joliette et d’Iberville, situées respectivement sur les lignes verte et bleue.
« Une étude réalisée en 2010 démontre que l’installation de telles boîtes de dépôt à seringues permet de réduire jusqu’à 92 % la quantité de matériel d’injection abandonné à proximité des boîtes », a indiqué Mme Régis.
De nouvelles boîtes doivent « prochainement » être installées sur les quais des deux stations voisines de la station Papineau, soit Beaudry et Frontenac, a précisé la STM.
Elles sont toutes les trois situées dans le quartier Centre-Sud, où l’on trouve notamment le Village. Ce secteur vit depuis quelques années une véritable crise d’itinérance et de toxicomanie.
« Je me suis fait solliciter deux fois au cours des derniers mois pour acheter de la drogue près de la station Berri-UQAM, raconte le résident Lucien Landry. Ça empire. »
Cette réalité était frappante lundi après-midi, au passage du Journal.
En l’espace de quelques minutes, les constables spéciaux de la STM sont intervenus auprès de trois cas de personnes visiblement intoxiquées et couchées sur les bancs, parfois plus ou moins conscientes ou en crise sur le quai de la station Papineau.
Les constables spéciaux de la STM avaient déjà dû administrer 15 fois de la naloxone à des usagers en surdose cette année en date du 13 mars dernier.
En 2023, il avait fallu attendre le 1er avril pour que le bilan atteigne 15.
Les constables spéciaux peuvent administrer de la naloxone depuis 2022.