Les émojis sur la facture influencent votre générosité pour le pourboire
C’est ce qu’avance une récente étude, une analyse qui semble se confirmer, surtout chez les 25 ans et moins
Un restaurateur de Boucherville a récemment ajouté des émojis à ses terminaux de paiement pour inciter ses clients à donner davantage de pourboire, une pratique qui s’avère déjà payante selon lui, surtout auprès des jeunes consommateurs.
« Ça marche bien avec les jeunes clients. Jusqu’à 25 ans, ça les interpelle et ils donnent plus de pourboire », constate le gérant du Pizza Express de Boucherville, Cenjiz Yaraz.
La petite pizzéria utilise toutefois cet outil avec parcimonie, et ce n’est que la suggestion d’un pourboire de 15 % qui s’accompagne d’un petit bonhomme sourire.
« Mais on peut tout faire avec la machine ! » s’exclame M. Yaraz, en multipliant les exemples. Il serait même possible de faire apparaître un petit personnage en colère quand les consommateurs décident de ne pas donner de pourboire, ce qui est assez fréquent pour les commandes récupérées au comptoir (voir encadré).
UN BOND DE 11 %
Le Journal rapportait, hier, que les consommateurs donnent en moyenne 11 % plus de pourboire à leur serveur au restaurant si un émoji se trouve sur l’addition.
Selon une récente étude américaine, le pourboire moyen dans un restaurant traditionnel avec service aux tables passe de 22,86 % à 25,38 % quand de petits pictogrammes accompagnent les suggestions qui sont faites au client. Il est à noter que le pourboire habituel pour un bon service aux États-Unis oscille généralement entre 18 % et 20 % plutôt que d’être fixé à 15 % comme chez nous.
Pour les commandes à emporter et les livraisons, les chercheurs ont également observé une hausse générale du pourboire, qui est passé d’environ 13 % à près de 17 % en moyenne.
« Les émojis souriants nous font nous sentir plus heureux, et cette émotion positive nous conduit à être plus généreux quand vient le temps de donner du pourboire », a expliqué l’auteure de l’étude, Sarah Lefebvre, qui enseigne le marketing dans une université du Kentucky.
LE BONHEUR DES UNS…
Or, un constat général n’est pas une règle universelle, et il y a bien des gens qui ne se sentent pas du tout « plus heureux » en voyant de petits personnages au moment de choisir le montant d’un pourboire.
« J’avais commandé une pizza au comptoir et au moment de payer, j’ai vu ce genre de *propositions* (sic) sur l’écran tactile du restaurant. Cette situation m’a tellement insultée que j’ai préféré payer en argent : j’ai donné 50 cents dans le petit gobelet », a confié au Journal une cliente de la pizzéria de Boucherville par courriel.
« Ça m’insulterait et je serais porté à réduire mon pourboire », écrit un autre lecteur, toujours par courriel.
PAS POUR DEMAIN
Fort heureusement pour les gens qui sont de cet avis, on ne risque pas de voir les émojis prendre d’assaut les terminaux de paiement des restaurants des quatre coins du Québec, remarque le vice-président aux affaires publiques de l’Association Restauration Québec, Martin Vézina.
« Technologiquement, les points de vente en restauration sont plus ou moins rendus là », dit-il, avant de rappeler que les pourboires ne sont « pas payants » pour les propriétaires de restaurant.
« Contrairement aux autres provinces canadiennes, les pourboires sont fiscalisés au Québec. Donc pour un propriétaire, plus ses employés lèvent de pourboires, plus ça lui coûte cher, car il doit payer une partie des cotisations, et verser des pourboires à la place du client lors d’un congé de maladie ou pendant les vacances », explique M. Vézina.