Trudeau, le Joe Biden canadien
Il fallait bien s’en douter. Les conservateurs ont sauté à pieds joints sur les commentaires de Justin Trudeau au micro de Midi info vendredi.
Forcé d’expliquer pourquoi il refuse de partir, le premier ministre y est allé d’un rare moment de candeur.
« Mais je songe à quitter à tous les jours ! C’est une job de fou que je suis en train de faire », a-t-il lancé avant d’ajouter : « C’est super tough, c’est super plate des fois, mais la piste sur laquelle on est est tellement précaire. »
Pierre Poilievre en a fait ses choux gras.
Justin Trudeau ose se plaindre d’avoir le privilège de gouverner. Il ose dire que c’est « plate », eh bien, qu’il s’en aille !
L’un s’épanche, l’autre attaque. Parfois, on a l’impression qu’ils se méritent.
Mais le plus révélateur de toute cette affaire, c’est bien l’impression messianique qui se dégage de ses propos.
GRANDE NOIRCEUR
Car pourquoi s’accroche-t-il ? Parce qu’il ne peut abandonner le combat à ce moment-ci, dit-il.
Parce que le choix auquel les Canadiens sont confrontés est fondamental.
Parce que « les démocraties sont tellement sous attaque à travers le monde avec du populisme extrême ».
Il serait donc le seul capable de sauver le Canada du péril conservateur.
COMME AUX ÉTATS-UNIS
La démonisation du moment vise à convaincre l’électorat que Pierre Poilievre est un mini Donald Trump. Or, ça ne colle pas.
Plus de 40 % des électeurs préfèrent le chef conservateur à l’actuel premier ministre.
Peu importe, il faudrait sauver les Canadiens d’eux-mêmes à en écouter Justin Trudeau. Voilà pourquoi il refuse d’envisager de céder sa place.
Le fait qu’en s’accrochant il favorise la montée et l’élection de Pierre Poilievre ne semble pas faire partie de l’équation.
Un peu comme Joe Biden qui se croit le seul à pouvoir vaincre Donald Trump, mais qui finalement favorisera peut-être son retour à la Maison-Blanche.