Le long parcours d’une combattante pour un logement
Les femmes sont les plus durement touchées par la crise du logement qui sévit actuellement au Québec, comme l’a vécu une immigrante tunisienne qui a visité une vingtaine d’appartements avant d’en trouver un.
« J’ai rencontré une vingtaine de propriétaires qui ont décliné notre candidature parce que j’ai trois enfants. On m’a même demandé à ce que mes enfants ne courent pas pendant la journée si je voulais le logement », relate Ghazoua Jebali, qui a immigré il y a sept mois de la Tunisie avec ses trois enfants et son mari.
En attendant, ce sont chez des amis qu’ils avaient trouvé un endroit où poser leurs valises.
Vétérinaire de carrière,
Mme Jebali n’a pas hésité à quitter son pays durement touché par la crise économique depuis 2011, dans l’espoir d’offrir de meilleures perspectives à ses enfants.
« Mais pour le moment, je dois faire le ménage en étant payée 18 $ de l’heure parce qu’on ne reconnaît pas mes diplômes. C’est très difficile moralement », explique-t-elle.
Pour Virginie Mikaelian, porteparole du Collectif 8 mars, qui réunit des organisations syndicales et des communautaires féministes, cet exemple illustre bien leurs défis.
« En plus d’être des femmes, elles ont d’autres barrières systémiques. Ajoutons à ça la crise du logement et autres, on ne leur laisse pas beaucoup de chance dans notre société », déplore Mme Mikaelian.
«ÇAGRONDE»
Cette année, avec leur slogan « Ça gronde », le Collectif 8 mars espère pouvoir montrer l’urgence de faire bouger les choses.
« On est à l’apogée de plusieurs crises qui menacent d’exploser, comme la crise du logement, la crise de l’environnement, la crise de la violence. On ne peut plus attendre un mois, deux mois, trois mois avant de faire quelque chose, la vie de femmes est en danger », lance Virginie Mikaelian.
Juste sur le revenu moyen, la barre est haute pour rejoindre les hommes.
« On parle quand même d’un écart de 8100 $. On pense que c’est une question qui aurait déjà été réglée, mais finalement, non, ça ne l’est toujours pas en 2024, et c’est évidemment pire pour les femmes à la croisée des oppressions », ajoute la porte-parole du collectif.