Si Thibault n’a pu réussir, qui y parviendra ?
La métaphore utilisée par Jocelyn Thibault pour décrire son séjour à Hockey Québec est lourde de sens. « J’avais l’impression d’être dans une chaloupe, sans rames et dans une mer agitée. » Thibault a réussi à revenir au quai, mais dans un piteux état. Quand on est à bout mentalement, tout s’ensuit. On est complètement vidé. Thibault a préféré abandonner avant d’y laisser sa peau.
La journée d’hier a été rude et longue pour lui. En premier lieu, il a annoncé son départ aux employés de la fédération, une équipe avec laquelle il se plaisait à travailler. Il a ensuite tenu un point de presse avec des journalistes qui couvrent le hockey amateur.
Je l’ai appelé dans l’heure suivant cette rencontre. Il a répondu tout de suite.
Par le son de sa voix, je l’ai senti libéré.
Est-ce le cas ? lui ai-je demandé.
« Oui, je suis soulagé et déçu aussi », a-t-il répondu.
JOB DE MISSIONNAIRE
À son arrivée à la direction générale de Hockey Québec, en novembre 2021, Thibault avait exprimé le souhait que les associations régionales et les intervenants du hockey mineur se regroupent enfin pour travailler ensemble. Il était comme un missionnaire qui prêchait les mérites de la bonne entente.
Le défi était titanesque, mais on se disait qu’il réussirait peut-être en raison de sa formation différente de celle de ses prédécesseurs. Il n’était pas fonctionnaire de profession. Son passé d’ancien joueur aux niveaux mineur, junior et professionnel lui avait inculqué les vertus de l’esprit d’équipe. Il avait le profil pour changer les choses.
C’était le but qu’il s’était fixé. Personne ne pouvait douter de sa sincérité.
Il aurait pu rester chez lui et bénéficier de la sécurité financière que lui a procurée sa belle carrière de 15 saisons dans la Ligue nationale de hockey.
Il y a sans doute eu des gens qui lui ont dit qu’il entrait dans un milieu de coupe-gorges.
Mais comme il l’avait fait avec le Phoenix de Sherbrooke, Thibault voulait redonner au hockey québécois. Il était rempli de bonnes intentions. Il désirait poser des gestes qui changeraient la gestion du hockey mineur.
PENSENT-ILS AUX JEUNES ?
Malheureusement, la réalité l’a frappé de plein fouet. Il a vite déchanté.
Après seulement deux ans et trois mois en poste, il est revenu au quai avec sa chaloupe trouée de toutes parts et il a jeté l’ancre, désillusionné par son expérience.
Quand je demande à Jocelyn si les gestionnaires en région savent qu’ils ont pour priorité de travailler pour les jeunes, il fait une courte pause.
« Je ne sais pas. J’ose croire que oui », dit-il.
Ça veut dire ce que ça veut dire. Que Thibault ait failli dans son mandat dépasse l’entendement.
Il y a dans cette jungle des gens qui se gargarisent du pouvoir qu’ils ont. Ils en font un usage abusif et personne n’arrive à les arrêter. C’est le plus gros problème dans l’univers des fédérations sportives.
Chacun tire la couverte de son côté et impose la marche à suivre qui lui plaît.
BONNE CHANCE, STÉPHANE !
J’ai hâte de voir comment Stéphane Auger, le successeur de Jocelyn, va naviguer dans ces eaux polluées. Sa formation d’arbitre va peut-être lui servir. Je lui souhaite tout le succès possible. Lui aussi est un bon homme.
Il serait désolant que son mandat se termine de la même façon que celui de Thibault.
Ça voudrait dire que Hockey Québec est ingouvernable. Comme l’appareil gouvernemental, les ministères de la Santé et de l’Éducation et toute la sainte chibagne.
On forme des comités d’études qui dressent des rapports et on n’entend plus parler de rien.
En passant, qu’arrive-t-il avec les recommandations du comité québécois sur le développement du hockey ?