Un fleuron local des îles de la Madeleine au bord du gouffre
Sans une aide immédiate, la brasserie À l’abri de la Tempête ne passera pas l’hiver
Au centre de la vie des îles de la Madeleine depuis 20 ans, À l’abri de la Tempête lance un SOS. Sans une injection d’argent imminente, la microbrasserie ne passera pas l’hiver.
« On a besoin de mains qui se lèvent », implore Anne-Marie Lachance, accotée au comptoir de son pub de L’Étang-duNord, dans l’archipel. La fondatrice est à la recherche de prêts, d’investissements ou de mécènes pour préparer la saison estivale du fleuron local.
Un été sans À l’abri de la Tempête « n’est pas envisageable » aux Îles-de-laMadeleine, mais c’est ce qui va arriver si l’aide souhaitée ne se matérialise pas rapidement.
IMPORTANT EMPLOYEUR
« Il faut que les choses bougent, on est ouvert à tout. Il nous faut des ressources pour assurer notre survie », dit la Montréalaise d’origine qui habite aux Îles depuis 23 ans.
Sa mère y habite aussi depuis 30 ans. Anne-Marie a démarré la brasserie, il y a 20 ans, pour habiter dans le coin à l’année.
Aujourd’hui, sa brasserie-pub fait travailler 15 personnes à l’année, 40 pendant l’été. À l’abri de la Tempête est un employeur de taille, dans le coin, un pôle économique important, aussi, avec un produit d’appel qui fait venir – et rester – le monde aux îles.
La crise du marché de la bière postpandémique a fait mal. Les ingrédients et le transport coûtent deux fois plus cher, surtout quand on est à 200 kilomètres des rives du continent.
La capacité de payer des clients « n’est plus ce qu’elle était » non plus. L’inflation affecte tout le monde, même les amateurs de bière.
UN RETOUR AUX SOURCES
La brasserie a fait des investissements majeurs, en 2019, juste avant le satané virus. La croissance était folle, à l’époque, mais le marché est bousculé, aujourd’hui, et ce poids financier s’ajoute aux malheurs d’Anne-Marie, qui revoit son modèle d’affaires.
« On revient aux sources, à notre localité, à notre identité de base, celle des Îles », raconte l’ex-enseignante en arts plastiques. Sa bière – en bouteille depuis toujours – sera d’ailleurs offerte en canette dès la semaine prochaine chez tous les
«ILFAUTQUELES CHOSES BOUGENT, ON EST OUVERT À TOUT. IL NOUS FAUT DES RESSOURCES POUR ASSURER NOTRE SURVIE »
– Anne-Marie Lachance, fondatrice de la brasserie À l’abri de la Tempête
détaillants du continent.
La cofondatrice de la microbrasserie demande à monsieur et madame Toutle-Monde de les mettre dans leur panier, de relayer cet article. Son appel à l’aide n’est pas un appel à l’épargne, elle veut plutôt élargir son réseau de contacts et de partenaires financiers.
« On a supporté tous les défis depuis quatre ans, on est rendus au bout », lâche celle dont la ténacité est mise à rude épreuve, ces temps-ci.
En plus des autres problèmes, la brasserie se frotte à deux entrepreneurs détestés du monde de la bière au Québec. Les entreprises de Tristan Bourgeois Cousineau et de Joannie Couture cumulent 48 poursuites contre elles.
Le couple, qui possède Transbroue depuis l’été 2022, doit 145 000 $ à la brasserie d’Anne-Marie. Dès leur achat du distributeur, il y a deux ans, ils ont arrêté de payer leurs fournisseurs, soit la majorité des microbrasseries du Québec.
La brasseuse-tenancière des îles s’est tannée et est sortie de Transbroue en plein mois de juillet 2023, pendant la haute saison. Elle a tout réorganisé « on the fly » pour assurer la présence de ses produits sur les tablettes des détaillants du continent.