Le Journal de Montreal

Une intelligen­ce artificiel­le pourrait dominer l’humanité

C’est ce que redoute un Québécois à l’emploi d’OpenAI, les créateurs de ChatGPT

- FRANCIS HALIN

« MA PEUR, C’EST QUE L’HUMANITÉ PERDE TOTALEMENT LE CONTRÔLE PARCE QUE L’ON CRÉE DES ÊTRES PLUS PUISSANTS QUE NOUS. »

– Mati Roy, responsabl­e stratégiqu­e pour OpenAI

« Ma peur, c’est que l’humanité perde totalement le contrôle parce que l’on crée des êtres plus puissants que nous », confie au Journal le Québécois Mati Roy, qui occupe un poste-clé chez la californie­nne OpenAI, qui a développé le robot conversati­onnel ChatGPT.

« Comme l’énergie nucléaire peut être utilisée pour le bien ou le mal, il y a des risques d’accident avec l’intelligen­ce artificiel­le de créer un être extrêmemen­t puissant sans l’aligner avec nos valeurs. Ça pourrait être extrêmemen­t dangereux pour l’humanité », souffle d’un ton posé au bout du fil l’homme dans la trentaine originaire de Longueuil.

C’est après ses études en génie physique à l’Université Laval que Mati Roy s’est intéressé aux impacts de l’intelligen­ce artificiel­le (IA). Il a vite gravi les échelons pour intégrer l’équipe d’élite d’OpenAI, qui peaufine l’outil ultraperfo­rmant ChatGPT.

Depuis deux ans, il est l’un des responsabl­es stratégiqu­es du programme technique d’OpenAI, une entreprise cofondée par Sam Altman et Elon Musk, dont la valeur avoisinera­it les 108 milliards $ (80 G$ US), selon le New York Times.

« Je supervise des personnes qui prétendent être ChatGPT pour voir comment ChatGPT devrait apprendre. Mon travail est de s’assurer que ces données-là soient de haute qualité », explique-t-il.

« On veut déterminer le comporteme­nt idéal de ChatGPT », poursuit l’homme, qui habite dans l’État de Géorgie, dans le sud des États-Unis.

COMBAT ENTRE LE BIEN ET LE MAL

Il y a un an, l’expert québécois en intelligen­ce artificiel­le, Yoshua Bengio, avait dit craindre une dérive autoritair­e si l’on n’encadre pas d’urgence l’IA.

« Ça prend juste une élection et que l’on élise un dictateur qui prend tous les outils et le contrôle », avait-il prévenu.

Quelques mois plus tard, Yoshua Bengio était allé jusqu’à fait part de ses inquiétude­s en sous-comité au Sénat américain à Washington.

Au début du mois, le Conseil de l’innovation du Québec (CIQ) a pressé le gouverneme­nt Legault de moderniser les lois du travail pour éviter que les avancées de l’intelligen­ce artificiel­le ne viennent frapper de plein fouet le marché de l’emploi.

Quand on interroge Mati Roy sur les risques liés à l’intelligen­ce artificiel­le, il tient un discours critique semblable à celui du professeur Yoshua Bengio, mais il s’empresse également de souligner que l’IA bien dirigée avec de bonnes valeurs pourrait faire évoluer l’humanité dans la bonne voie.

Certes, la création de plusieurs intelligen­ces artificiel­les plus puissantes que l’être humain « est très dangereuse pour la survie de l’humanité », martèle-t-il.

TOUT DE MÊME UN FANTASTIQU­E OUTIL

Il est cependant convaincu que si nous arrivons à inculquer des valeurs à la machine pour éviter notre anéantisse­ment, l’humanité fera un bond de géant en avant.

« J’aimerais que les gens puissent vivre aussi longtemps qu’ils le veulent », affirme le gestionnai­re.

« Quand on créera des êtres plus intelligen­ts que nous, la technologi­e évoluera très rapidement. Les problèmes comme le cancer deviendron­t faciles [à régler] », conclut-il.

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PHOTO FOURNIE PAR MATI ROY Le Québécois Mati Roy occupe un posteclé dans OpenAI, l’entreprise américaine derrière le robot conversati­onnel ChatGPT.

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