UNE ÉPREUVE DÉMENTE
Les participants « privilégiés » doivent boucler 5 tours et 160 km en plus de grimper 18 000 mètres de dénivelé positif au Marathon de Barkley
Depuis la première édition de 1995, seulement 17 coureurs ont bouclé les cinq tours et franchi les 160 kilomètres pour terminer le fameux Marathon de Barkley. Une course extrême d’endurance, peu orthodoxe, en pleine nature, où la résistance et la ténacité côtoient la démence.
Cette épreuve diabolique contre la montre est disputée, chaque printemps, dans le parc d’État de Frozen Head dans le Tennessee.
Dans la formule actuelle, les quelque 40 participants annuels doivent boucler 5 tours d’une distance d’environ 32 km chacun dans les montagnes et les vallées du parc en moins de 60 heures. Elle est si exigeante qu’elle nécessite le double du temps sur une distance qui devrait normalement être courue en 20 à 30 heures.
160 KM ET DEUX FOIS L’EVEREST
Le fondateur et organisateur Gary Cantrell, surnommé Lazarus Lake ou « Laz », a créé la course pour qu’elle ne puisse être terminée ! Et si un participant vise la folie de la réussite, elle l’oblige à puiser à la limite des capacités humaines, tant physiques que psychologiques.
Moins de 1 % des participants parviennent à mériter le titre de « finissant ». D’une distance totale de 160 km en sentiers, les participants grugent 18 000 mètres de dénivelé positif, soit plus de deux fois l’Everest, dans des conditions climatiques aussi extrêmes que l’épreuve elle-même. L’échec guette à tout moment alors que la Barkley est conçue pour anéantir les espoirs des plus tenaces athlètes.
Équipé d’une carte géographique et d’une boussole, aucun coureur ne peut utiliser de bidules technologiques. Ils doivent donc connaître leurs repères sur le parcours, trouver une façon d’y rester et d’y survivre en pleine nuit.
Pour s’assurer qu’ils restent sur le trajet, « Laz » y cache des livres contenant les numéros de dossard des participants. Ceux-ci doivent donc déchirer les pages correspondant à leur numéro et les lui remettre après chaque tour. Le parcours est modifié chaque année.
À LA POURSUITE D’UNE LETTRE DE… CONDOLÉANCES !
Pour participer au Marathon de Barkley, les coureurs doivent d’abord entreprendre la quête pour joindre son organisateur qui désire en conserver l’exclusivité. Aucune page web officielle n’est trouvable pour s’y inscrire. Il faut motiver sa participation quand on réussit à trouver les coordonnées de « Lazarus Lake » qui attend les lettres de motivation à un moment pile.
Malgré la popularité grandissante de l’épreuve au fil des dix dernières années, celui-ci ne sélectionne pas que des coureurs aguerris capables de franchir des distances démesurées. Il souhaite regrouper des athlètes possédant différentes compétences nécessaires dans la nature, dont l’orientation. Une fois triés sur le volet, il leur envoie une lettre de condoléances les avertissant du calvaire qui les attend. Sous pli, ils trouvent aussi toutes les décharges légales à signer.
Le seul participant qui obtient son ticket au Barkley est le vainqueur de la Classique automnale qui se veut une version courte de l’épreuve ultime.
UNE IDÉE DE FOU
Cette idée de « fou » remonte aux années 1970. Cantrell a fondé cette course après avoir tourné en dérision la cavale de 55 heures sur 13 km de l’assassin de Martin Luther King en avril 1968, James Earl Ray. Purgeant une peine de 99 ans, ce dernier s’était évadé de la prison de Brushy Mountains, située en plein coeur du parc de Frozen Head.
Selon lui, il aurait couru 160 km durant ce temps.
La Barkley est donc née en 1986 avec une poignée de participants. Elle a évolué jusqu’en 1995, année où le fondateur a jeté les bases définitives de son défi qu’on connaît encore aujourd’hui et que très peu de concurrents ont réussi à vaincre.