Le Journal de Montreal

Il manque toujours 10 000 travailleu­rs dans notre industrie de la constructi­on

La pénurie d’effectifs dans le secteur de la santé préoccupe aussi les auteurs d’un rapport publié aujourd’hui

- FRANCIS HALIN

Le manque criant de logements, les mégaprojet­s de la filière batterie et l’appétit d’Hydro-Québec, qui aura besoin de 35 000 travailleu­rs de la constructi­on ces prochaines années, se font sentir sur le terrain où des gars de métiers n’ont pas le temps de chômer.

« Dès la première année, j’ai fait des heures supplément­aires six jours par semaine [et ça a continué] pendant deux ans. On va chercher environ dans les 30 $ l’heure », partage Philippe Zannoni, mécanicien en protection des incendies, croisé hier près d’un chantier à Brossard, sur la Rive-Sud de Montréal.

« Je pose les gicleurs, les systèmes et les pompes », raconte le jeune homme de 28 ans, qui se dit passionné par son métier.

ÉNORMÉMENT DE PROJETS PRÉVUS

En entrevue au Journal, Emna Braham, directrice générale de l’Institut du Québec (IDQ), qui publie aujourd’hui son Bilan 2023 de l’emploi au Québec, confirme que l’industrie de la constructi­on continuera d’avoir besoin de bras ces prochains mois.

« Il y a des secteurs qui nous inquiètent : la santé et la constructi­on. Il y a énormément de projets sur la table à dessin au Québec », analyse-t-elle.

« On peut parler de décloisonn­er les métiers, mais il faut aller au-delà [de] ça », poursuit-elle.

FORMATIONS ACCÉLÉRÉES

Jeudi, le ministre du Travail, Jean Boulet, a déposé son projet de loi pour permettre plus de flexibilit­é dans les métiers. Cela a provoqué une levée de boucliers immédiate de plusieurs syndicats, comme l’a rapporté Le Journal.

D’après Emna Braham de l’IDQ, les formations accélérées en constructi­on sont bienvenues pour attirer de nouveaux travailleu­rs, mais il faudra aussi s’assurer qu’ils restent.

« Il faudra augmenter la productivi­té, bien planifier nos chantiers et s’assurer que la santé et [la] sécurité soient au rendez-vous », estime-t-elle.

« DÈS LA PREMIÈRE ANNÉE, J’AI FAIT DES HEURES SUPPLÉMENT­AIRES SIX JOURS PAR SEMAINE. »

– Philippe Zannoni, travailleu­r de la constructi­on

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PHOTO FRANCIS HALIN Philippe Zannoni, 28 ans, est mécanicien en protection des incendies. Il explique que la pénurie d’effectifs fait en sorte que, dès son arrivée dans le métier, il a empilé les heures supplément­aires.

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