Il manque toujours 10 000 travailleurs dans notre industrie de la construction
La pénurie d’effectifs dans le secteur de la santé préoccupe aussi les auteurs d’un rapport publié aujourd’hui
Le manque criant de logements, les mégaprojets de la filière batterie et l’appétit d’Hydro-Québec, qui aura besoin de 35 000 travailleurs de la construction ces prochaines années, se font sentir sur le terrain où des gars de métiers n’ont pas le temps de chômer.
« Dès la première année, j’ai fait des heures supplémentaires six jours par semaine [et ça a continué] pendant deux ans. On va chercher environ dans les 30 $ l’heure », partage Philippe Zannoni, mécanicien en protection des incendies, croisé hier près d’un chantier à Brossard, sur la Rive-Sud de Montréal.
« Je pose les gicleurs, les systèmes et les pompes », raconte le jeune homme de 28 ans, qui se dit passionné par son métier.
ÉNORMÉMENT DE PROJETS PRÉVUS
En entrevue au Journal, Emna Braham, directrice générale de l’Institut du Québec (IDQ), qui publie aujourd’hui son Bilan 2023 de l’emploi au Québec, confirme que l’industrie de la construction continuera d’avoir besoin de bras ces prochains mois.
« Il y a des secteurs qui nous inquiètent : la santé et la construction. Il y a énormément de projets sur la table à dessin au Québec », analyse-t-elle.
« On peut parler de décloisonner les métiers, mais il faut aller au-delà [de] ça », poursuit-elle.
FORMATIONS ACCÉLÉRÉES
Jeudi, le ministre du Travail, Jean Boulet, a déposé son projet de loi pour permettre plus de flexibilité dans les métiers. Cela a provoqué une levée de boucliers immédiate de plusieurs syndicats, comme l’a rapporté Le Journal.
D’après Emna Braham de l’IDQ, les formations accélérées en construction sont bienvenues pour attirer de nouveaux travailleurs, mais il faudra aussi s’assurer qu’ils restent.
« Il faudra augmenter la productivité, bien planifier nos chantiers et s’assurer que la santé et [la] sécurité soient au rendez-vous », estime-t-elle.
« DÈS LA PREMIÈRE ANNÉE, J’AI FAIT DES HEURES SUPPLÉMENTAIRES SIX JOURS PAR SEMAINE. »
– Philippe Zannoni, travailleur de la construction