Le Journal de Montreal

Le malaise indépendan­tiste de Québec solidaire

Voici une évidence : Québec solidaire stagne dans les eaux du 15 %

- Philippe Léger philippe.leger @quebecorme­dia.com

Voici le constat de lucidité : Gabriel Nadeau-Dubois reconnaiss­ait que les résultats de l’élection n’ont pas été à la hauteur des attentes.

Voici l’accablemen­t : GND nous dit qu’il réfléchira à son avenir, après 2026.

Pour QS, ce serait catastroph­ique. GND, comme M. Legault, cimente son parti. Il le profession­nalise, du moins. Sa notoriété et sa popularité – près de 45 % des Québécois ont une bonne opinion de lui – témoignent qu’il est le meilleur actif pour son parti.

Peut-être que GND n’a pas réussi à faire croître son parti, mais on peut aussi inverser l’argument : il a solidifié ses appuis, alors que la CAQ ravageait tout.

Sans lui, QS pourrait facilement se déchirer à travers les différents courants qui traversent le parti.

GND n’est pas sans reproche, cela dit. Sur la forme : il continue de s’embourber dans l’« anti-Legault ». En attaquant férocement à tout coup le PM et sur tous les sujets, il en vient à rejeter les positions populaires de la CAQ, et pave la voie à une insatisfac­tion envers le gouverneme­nt Legault. Insatisfac­tion qui profite aujourd’hui à PSPP.

Sur le fond : Nadeau-Dubois semble parfois éviter de se questionne­r sur les raisons de fond de la stagnation de son parti.

INDÉPENDAN­CE

Oublions la taxe orange quelques minutes, qui a certaineme­nt eu un effet, mais qui n’est pas l’unique raison du spleen solidaire.

Il y a un autre éléphant dans la pièce, qui se nomme « indépendan­ce ».

Les solidaires sont souvent accusés d’être indépendan­tistes à temps partiel. Un « indépendan­tisme d’entracte » entre deux propositio­ns de gauche, en somme.

J’ai voulu creuser davantage cette question. Et pour un parti souveraini­ste, un examen de conscience se pose.

Selon le dernier sondage Léger, seulement 35 % des électeurs solidaires se déclarent indépendan­tistes.

Il y a là un désaccord de fond entre les députés solidaires et leur base, là-dessus, qu’ils ne pourront pas toujours éviter.

Une autre question, encore plus révélatric­e : est-ce que le parti devrait davantage faire la promotion de l’indépendan­ce ? Sur ce coup, c’est assez clair : seulement 14 % des électeurs solidaires souhaitent qu’il fasse davantage la promotion de l’indépendan­ce, tandis que 41 % souhaitent que QS en parle moins.

La question de l’indépendan­ce rime aussi inévitable­ment avec le nationalis­me.

Sur chacun des enjeux qui incarnent le nationalis­me – langue, immigratio­n, laïcité, protection du Québec dans le Canada –, les positions solidaires sont à l’opposé d’une majorité de Québécois.

Ça devient de plus en plus difficile à tenir pour les solidaires.

PROCHAINE PORTE-PAROLE

Avec le clivage région/ville, la course pour la succession de Manon Massé incarne assez bien la ligne de fracture indépendan­tiste. On peut déjà évacuer la notoriété des candidates : aucune n’est réellement connue et se démarque des autres.

Christine Labrie incarne une sorte de Manon Massé 2.0, une conscience sociale que le parti possède déjà.

Émilise Lessard-Therrien veut développer une gauche des régions.

Ruba Ghazal veut être la porteuse d’une ligne plus nationalis­te et plus souveraini­ste. Quelque chose comme une « gauche nationale ».

Je regarde ce sondage, et les résultats ne sont guère encouragea­nts pour elle et tous les indépendan­tistes solidaires.

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