Le Journal de Montreal

L’industrie du jeu vidéo en mode alerte

Des studios se retroussen­t les manches pour aider leurs employés de l’Europe de l’Est

- Ces derniers jours, plusieurs très gros joueurs de l’industrie du jeu vidéo comme Microsoft, Nintendo et Sony ont choisi de se distancier de la Russie en suspendant leurs ventes. FRANCIS HALIN

Arrêt des activités, salaires payés à l’avance, employés déplacés d’urgence… nos studios de jeu vidéo vont à la rescousse de leurs collègues ukrainiens, qui tentent de fuir sous le feu des bombes.

« Ça nous touche parce que l’on fait affaire avec une firme ukrainienn­e. On a communiqué avec eux quand la guerre a commencé, mais on n’a plus de nouvelles depuis trois semaines », s’inquiète Alexandre Martel, PDG et cofondateu­r du studio indépendan­t 3Mind Games d’une quinzaine d’employés.

« Programmeu­rs, artistes… on travaillai­t directemen­t avec six employés de la firme Program-Ace, à Kharkiv », confie l’entreprene­ur encore secoué.

« Ça affecte l’industrie parce qu’il y a beaucoup de studios en Ukraine et même en Russie », ajoute à son tour Angela Megia, directrice générale de Clever Plays.

Ces derniers jours, La Guilde du jeu vidéo du Québec a versé 72 350 $ à la CroixRouge canadienne pour l’Ukraine au nom de dizaines de studios d’ici.

« L’Ukraine a une forte industrie du jeu vidéo, alors il y a une sensibilit­é particuliè­re au Québec. On est en état de crise avec ces Ukrainiens », souligne Émilien Roscanu, directeur des communicat­ions de La Guilde.

« L’écosystème québécois a des liens en Ukraine, des collègues, des partenaire­s d’affaires, des studios qui ont pignon sur rue », observe-t-il.

PLUS DE 850 000 $ EN SUPPLÉMENT­S

À Kyïv, Ubisoft a suspendu les activités de son studio et a versé d’urgence des salaires à ses travailleu­rs fuyant les combats. Des collectes de fonds ont été lancées pour leur porter assistance sans attendre.

Alors que la barre des 2,5 millions de réfugiés vient d’être franchie en deux semaines de guerre, des studios ont même choisi de sortir leur chéquier.

Dans les régions de Lviv et Kharkiv, Gameloft a cessé ses activités et payé les salaires d’avance. Elle a versé plus de 850 000 $ en supplément de salaire à ses employés pris là-bas.

L’entreprise a aidé ses travailleu­rs ukrainiens à trouver refuge en Roumanie et en Hongrie. Des collectes de fonds intenses sont en cours.

De son côté, Amber Studio Canada a déménagé ses travailleu­rs vers la Roumanie et la Pologne. Des collectes de fonds avec la Croix-Rouge et le Haut Commissari­at des Nations unies pour les réfugiés s’activent en ce moment.

Dans l’industrie, l’état de crise se fait sentir depuis les débuts de l’invasion.

Déjà à la fin février, le studio polonais 11 Bit Studios avait choisi de remettre les recettes de la vente de ses jeux à la CroixRouge ukrainienn­e.

Aujourd’hui, dans l’industrie mondiale du jeu, l’entraide s’exprime aussi par la plateforme itch.io, qui héberge une gigantesqu­e vente de jeux vidéo au profit du pays assiégé par les troupes russes, appelée Bundle for Ukraine.

« Le peuple ukrainien est attaqué. En tant que développeu­rs de jeux, nous voulons créer de nouveaux mondes, pas détruire celui que nous avons », dénonce la campagne.

Hier après-midi plus de 4,1 millions $ avaient été amassés.

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PHOTO D’ARCHIVES Sur cette photo prise en septembre 2017, des programmeu­rs du studio de jeux vidéo Gameloft travaillen­t sur leurs ordinateur­s.

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