Le Journal de Montreal

Grimper des marches, débouler l’escalier

- RÉJEAN TREMBLAY rejean.tremblay@quebecorme­dia.com

J’adore Simon Kean. Il a des idées politiques et sociales bien appuyées, il aime le cinéma et la télévision et rêvait d’un rôle dans District 31, et complète ses études en gestion d’entreprise­s.

Un jour, si ça va bien, il jouera peut-être dans un film américain. Le rôle d’un garde du corps qui parle avec un accent de la Mauricie.

Mais en attendant, il devra livrer un autre combat de crédibilit­é samedi soir au Casino. Une autre grosse marche à monter pour revenir au sommet qu’il avait atteint en attirant 4800 spectateur­s à Shawinigan contre Adam Braidwood. À l’époque, il était avec Jean Pascal, le meilleur vendeur de tickets de la boxe québécoise.

« Mais Jean Zewski, le père de Mikael, me l’avait dit : la boxe profession­nelle, c’est cruel. Faut que tu montes toutes les marches les unes après les autres. Pis à la première défaite, tu déboules l’escalier au complet », racontait Kean hier en jasant de son combat contre Shawndell Terell Winters.

VICTOIRE OBLIGATOIR­E

Le phénomène Simon Kean est étrange. Les Québécois l’ont vite adopté. Il rencontrai­t les gens, donnait des entrevues et vendait des tickets. Il a attiré 750 000 téléspecta­teurs à TVA pour une finale à Shawinigan.

Il a encaissé un coup imprévu contre Dillon Carman à Québec au deuxième round de son combat et n’a jamais été capable de récupérer pendant les rounds qui ont suivi. On dirait que la vue de son grand corps musclé étendu sur le tapis du ring a traumatisé les amateurs de boxe. Malgré sa victoire dans la revanche, malgré de beaux combats et des victoires importante­s, les gens ne sont pas revenus.

« Je n’étais pas prêt mentalemen­t contre Carman. Je pensais qu’il venait prendre un chèque avant de repartir. Quand il m’a atteint, j’ai été sonné. Et surpris. Je me disais que ce n’était pas supposé, que fallait que je le finisse pis vite », raconte le Grizzly.

On connaît la suite. Kean a déménagé à Laval, il a changé de coach avec Vincent Auclair et a repris depuis le début son travail de boxeur : « La pandémie a eu ceci de bon que j’ai pu me débarrasse­r de mauvaises habitudes acquises au fil des ans. C’est entre les combats qu’on peut apprendre et progresser dans le gymnase. Je l’ai fait, j’espère », dit-il.

Avant d’ajouter : « Faut que je le sache. Je dois être capable de battre un gars comme Winters. Même s’il a affronté de gros adversaire­s. Même si c’est un boxeur souple et technique. C’est un combat de vérité. Faut que je sache », insiste Kean.

CONNAÎTRE LA VÉRITÉ

La boxe ne pardonne pas. La place de favori de la foule qu’occupait Simon Kean a été prise par Arslanbek Makhmudov. Le nouveau géant, c’est le grand Russe.

Il y a de la place pour deux poids lourds dans l’écurie de Camille Estephan. Un poids lourd, pour un promoteur, c’est un cadeau des dieux. Sauf que la relance de la boxe est entreprise chez Eye of the Tiger Management. Et que Camille Estephan a besoin de victoires pour vendre son grizzly.

Camille Estephan connaît l’importance de ce combat.

Simon Kean encore plus.

Et lui, le favori de la foule, se battra devant des bancs vides. À huis clos. « Ça ne me dérange pas. Chez les amateurs on se battait et il n’y avait personne dans les gradins. Ça va être une bataille de rue », blague Simon.

Si ça peut diminuer le stress qui le gèle pendant le premier round, ça serait tant mieux.

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PHOTO PIERRE-PAUL POULIN Simon Kean a trimé dur à l’entraîneme­nt cette semaine à l’Académie de boxe Ramsay .
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