Le Journal de Montreal

PROBLÈMES AVEC LES 1ers CHOIX

- JONATHAN BERNIER Le Journal de Montréal

L’équipe de recrutemen­t du Canadien, Trevor Timmins en tête, et son système de développem­ent ont souvent été critiqués au fil des ans. Le départ de Jesperi Kotkaniemi au cours de l’été n’a rien fait pour effacer les doutes.

Bien sûr, le cas de l’attaquant finlandais n’a rien de typique. Après tout, il est devenu le premier joueur à changer de camp en raison d’une offre hostile [des Hurricaine­s de la Caroline] depuis Dustin Penner, en 2007.

Néanmoins, ce divorce signifie que des sept choix de premiers tours sélectionn­és par Marc Bergevin entre 2012 et 2018, seul Ryan Poelhing (25e rang en 2017) fait toujours partie de l’organisati­on.

Avant Kotkaniemi, Alex Galchenyuk (échangé contre Max Domi), Michael McCarron (échangé contre Laurent Dauphin), Nikita Scherbak et Noah Juulsen (réclamés au ballottage), ainsi que Mikhail Sergachev (parti dans la transactio­n de Jonathan Drouin) ont été envoyés sous d’autres cieux. Du nombre, Galchenyuk (418) et Kotkaniemi (171) sont les seuls à avoir disputé au moins 100 matchs dans l’uniforme du Canadien.

PIÈTRES RÉSULTATS

Un choix sur sept, ce qui signifie 14,3 %, l’un des pires rendements du circuit au cours de cette période, alors que la moyenne de la LNH se situe à 56,1 %.

D’ailleurs, il n’y a que cinq équipes qui affichent un pourcentag­e de rétention sous les 30 % : les Hurricanes (28,6 %), les Blackhawks de Chicago (16,7 %), le Canadien, ainsi que les Penguins et les Golden Knights, tous deux à 0 %.

Dans le cas de Pittsburgh et de Vegas, on parle de trois sélections chacun, la plupart ayant été impliqués dans des transactio­ns d’envergures : par exemple, Phil Kessel,

Max Pacioretty et Mark Stone.

LOIN DERRIÈRE

On a tendance à l’oublier, mais le CH a connu de bonnes saisons lors des cinq premières années du règne de Bergevin. Par conséquent, quatre fois le Tricolore n’a pas été en mesure de parler avant le 25e rang. Le repêchage étant une science inexacte, plus le droit de parole est tardif, plus les risques de se tromper sont grands.

Il serait donc malhonnête de comparer la précision des décideurs du Canadien avec ceux des Oilers d’Edmonton ou des Maple Leafs de Toronto qui ont plus souvent qu’à leur tour été parmi les cinq premières équipes à monter sur la scène.

Dans une entrevue accordée à l’auteur de ces lignes à la suite de la première des deux dernières conquêtes du Lightning de

Tampa Bay, le DG Julien Brisebois avait dit, pour expliquer l’acquisitio­n de Barclay Goodrow, qu’un joueur appelé à partir du 23e rang avait moins d’une chance sur deux d’obtenir un poste régulier dans la LNH. De 2012 à 2018, 26 des 56 joueurs réclamés (44,8 %) dans cette portion évoluent toujours avec la formation qui les a sélectionn­ées. Ce qui rejoint l’estimation de Brisebois.

Encore une fois, le Canadien fait piètre figure avec son pourcentag­e de rétention de 25 % (1 sur 4).

D’ailleurs, parmi les neuf clubs qui ont repêché au moins trois jeunes aussi loin, quatre en ont laissé partir trois. Contrairem­ent au CH, qui en a perdu deux au ballottage, plusieurs ont été inclus dans des trocs visant à acquérir un athlète établi.

Dans cette portion de l’encan, les Ducks d’Anaheim se sont illustrés avec, entre autres, Jacob Larsson, Max Jones et Sam Steel. Shea Theodore, échangé dans le cadre du repêchage d’expansion de Vegas,

était aussi une excellente prise au 26e rang. Mais personne n’a eu plus de flair que les Bruins de Boston avec David Pastrnak, 25e choix en 2014, et les Flyers de Philadelph­ie avec Travis Konecny, 24e en 2015.

TRÉBUCHER DANS LE TOP 5

Toutefois, là où les erreurs font le plus mal, c’est lorsque vous ratez la cible avec l’une des cinq premières sélections. Montréal et les Blue Jackets de Columbus ne sont plus associés à deux de ces choix.

Aucune équipe n’a fait pire. Si les Jackets se sont mis le doigt dans l’oeil avec Ryan Murray, au deuxième échelon, en 2012, ils ont au moins obtenu un retour intéressan­t (Patrik Laine et Jack Roslovic) pour PierreLuc Dubois, troisième en 2016.

Quant au Canadien, il pourra se défendre en disant qu’il ne pouvait rien faire pour retenir Kotkaniemi. À part égaler l’offre tout aussi ridicule qu’hostile des Hurricanes. Bergevin pourra également arguer que Galchenyuk est celui qui a disputé le plus de matchs dans la LNH au sein de la cuvée 2012 (583) et qu’indirectem­ent, il

lui a permis de mettre la main sur Josh Anderson.

CAUFIELD ET GUHLE

Il est encore tôt pour se prononcer, mais le Tricolore semble avoir redressé la barque au cours des dernières séances. Appelé au 15e rang en 2019, Cole Caufield a déjà fait la preuve qu’il était en mesure de tenir son bout dans la LNH. Promu en fin de saison, il a terminé en troisième place des marqueurs du CH en séries. On parle d’un possible candidat au trophée Calder, remis à la recrue de l’année.

Choisi 16e en 2020, Kaiden Guhle a fait écarquille­r bien des yeux lors du camp par son calme, son positionne­ment et son jeu solide en territoire défensif. Il semble avoir ce qu’il faut pour défendre la ligne bleue montréalai­se dans un avenir rapproché.

 ?? PHOTOS D’ARCHIVES ?? Jesperi Kotkaniemi (photograph­ié lors de son repêchage) et Alex Galchenyuk (ci-contre), deux joueurs réclamés au troisième rang, font partie de la longue liste des premiers choix échappés par le Canadien depuis 2012.
PHOTOS D’ARCHIVES Jesperi Kotkaniemi (photograph­ié lors de son repêchage) et Alex Galchenyuk (ci-contre), deux joueurs réclamés au troisième rang, font partie de la longue liste des premiers choix échappés par le Canadien depuis 2012.

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