Chauffer le Québec grâce aux serveurs informatiques
Un entrepreneur de l’Estrie invente un module qui capte la chaleur des ordinateurs
« J’AI LES MEILLEURS TARIFS D’HÉBERGEMENT DU QUÉBEC EN RAISON DE MON INVENTION. »
– Patrick Lussier, de Projet BTU
S’il n’en tenait qu’à Patrick Lussier, il n’y aurait plus aucun centre de données construit au Québec. Au lieu de ça, les serveurs informatiques seraient répartis dans les édifices de la province afin de les chauffer grâce au module à air poussé qu’il vient d’inventer.
« Le but est d’utiliser plus intelligemment notre énergie », dit l’entrepreneur depuis le petit village de Saint-Adrien, enEstrie.
« Dans un centre de données, ils utilisent un watt pour le serveur, et un watt pour la climatisation. Moi, j’utilise deux fois le même watt », illustre-t-il.
Depuis trois ans, l’église du village est d’ailleurs chauffée entièrement grâce aux serveurs informatiques que Projet BTU, l’entreprise de Patrick, y a installés. L’église appartient à son partenaire d’affaires, le musicien Pilou.
Patrick connaît très bien le matériel informatique. « Un serveur, ça chauffe en tabarouette », rigole-t-il.
Mais comment faire, s’est-il demandé, pour récupérer cette chaleur ? C’est là qu’il a développé un prototype que H2O Innovation, entreprise de Québec, l’a aidé à construire.
Outre sa machine à air poussé, qui fonctionne avec des serveurs de 25 000 watts, il en a aussi fait fabriquer un plus petit, à immersion, qui sert aux appareils qui utilisent entre 6000 et 8000 watts.
CRÉER DES SURPLUS
Au final, l’entrepreneur est capable de convertir le watt qui passe dans le serveur en un watt de chaleur. « Si tous les serveurs informatiques du Québec étaient
équipés de mon système, on dégagerait d’énormes surplus chez Hydro-Québec », se plaît-il à rêver.
En tant qu’ environne ment a liste convaincu, il ajoute que ces surplus pourraient être vendus aux Ontariens ou aux Américains, ce qui les empêcherait de construire des centrales au charbon ou au nucléaire, beaucoup plus polluantes que l’ hydroélectricité.
Projet BTU offre donc deux services : l’hébergement informatique grâce à des serveurs, et le chauffage de bâtiment… grâce aux mêmes serveurs.
Projet BTU vise un large spectre de clientèle, des bâtiments patrimoniaux aux usines en passant par des bâtiments industriels. Une fois cette clientèle
acquise, l’entreprise vise à s’installer chez les particuliers, au coeur des maisons québécoises.
TRÈS POLLUANT
Une des industries qui utilisent beaucoup les serveurs informatiques est celle de la cryptomonnaie.
Elle est aussi souvent la cible de critiques, autant pour ses dépenses énergétiques que pour la pollution sonore de ses installations, en raison des immenses ventilateurs qui servent à évacuer la chaleur des bâtiments.
Bitfarms est de loin le plus gros acteur du secteur de la cryptomonnaie installé au Québec. « Avec nous, Bitfarms pourrait avoir de meilleurs tarifs pour son hébergement, en plus d’avoir bonne presse », résume Patrick Lussier.
Mais l’industrie de la cryptomonnaie n’est que la pointe de l’iceberg pour ce rêveur entrepreneur. « J’ai les meilleurs tarifs d’hébergement du Québec en raison de mon invention », laisse-t-il tomber.