Des millions de repas risquent la poubelle
Des éleveurs de porcs québécois crient à l’aide
Après les poulets jetés aux poubelles lors du conflit d’Exceldor, des millions de repas de porcs risquent d’être gaspillés à leur tour si rien ne se règle à l’usine d’Olymel de Vallée-Jonction.
« Avec 1000 porcs, on parle de 600 000 repas, alors ça va se chiffrer en millions. C’est difficile d’en parler parce que les producteurs ne veulent pas en arriver là », explique David Duval, président des Éleveurs de porcs du Québec.
« Quand j’annonce au ministre du Travail que l’on va frapper un mur, c’est parce que je le vois. Le mur, il est là », prévient l’éleveur de la Montérégie.
D’après lui, la moindre canicule ou pépin de transport provoquerait une catastrophe. Chaque semaine, près de 36 000 porcs sont abattus d’ordinaire à Vallée-Jonction, paralysée.
« Il y en a plus qui meurent sur la ferme parce qu’on les garde plus longtemps. J’ai 2 % de mortalités de plus que d’habitude. Sur 15 000 porcs, ça fait 300 porcs », s’inquiète William Lafond, un éleveur de porcs de Lanaudière.
DES REPAS AUX POUBELLES
Aujourd’hui, près de 130 000 porcs qui devraient aller à l’abattoir s’entassent dans des enclos, ce qui risquer de rimer avec de lourdes pertes, car chaque porc équivaut à environ 600 repas, selon les Éleveurs de porcs du Québec.
« Les syndicats ont claqué la porte vendredi dernier, alors ce sont eux qui devront être tenus responsables si des repas sont bientôt jetés », a tranché Paul Beauchamp, premier vice-président chez Olymel.
Hier, le Syndicat des travailleurs d’Olymel Vallée-Jonction–CSN a décliné notre demande d’entrevue en vue d’une assemblée prévue aujourd’hui.
« Sur la question de l’abattage humanitaire, le syndicat réitère qu’il entend bien le cri de coeur des producteurs, et qu’il est prêt à reprendre rapidement les négociations afin d’éviter une telle crise », a dit la CSN par communiqué.
Pour Sylvain Charlebois, directeur du Laboratoire en sciences analytiques agroalimentaires de l’Université Dalhousie, les éleveurs ont encore du jeu.
« Contrairement aux poulets, ils ont beaucoup plus de marge de manoeuvre. Il y a des camions qui ont été envoyés en Alberta pour de l’abattage. Ils ont beaucoup plus de flexibilité. Ils peuvent abattre où ils veulent », conclut-il.
« ON A LA CHANCE D’ÉTIRER L’ÉLASTIQUE, MAIS L’ÉLASTIQUE NE PEUT PAS S’ÉTIRER INDÉFINIMENT. »
– William Lafond, un éleveur de porcs de Lanaudière