Une marchette pour enfants handicapés
Une entreprise cofondée par deux étudiants lauréate du 3e prix au concours des Bourses Pierre-Péladeau
En Amérique du Nord, il y a plus de 100 000 enfants qui sont atteints de dystrophie musculaire, une maladie qui affaiblit les muscles du corps. Pour conserver de la mobilité, ils doivent faire une contraignante réadaptation. S’il n’en tient qu’à Ora Médical, ils disposeront bientôt d’une marchette pédiatrique intelligente qui leur permettra de développer plus facilement leur capacité à marcher, et à gagner ainsi en autonomie et en qualité de vie.
Cette marchette, c’est le premier produit mis au point par Ora Médical, une jeune entreprise cofondée par deux étudiants en génie mécanique de l’École Polytechnique, Sarah Lambert et Louis St-Pierre. Ils ont développé le concept de la marchette intelligente dans le cadre d’un stage en entrepreneuriat.
« Il y a quelques années, j’ai fait un stage dans un centre de réadaptation, et c’est là que j’ai réalisé le besoin de trouver une solution pour aider les enfants aux prises avec cette maladie, raconte Sarah Lambert, qui est aussi bachelière en physiothérapie. C’est important pour eux de faire de la réadaptation à la maison, ce qui ne peut se faire sans l’assistance de leurs parents. »
TECHNOLOGIE UNIQUE DE SOUTIEN
Ora Médical a donc conçu La Homy, un outil d’aide à la marche qui inclut une technologie unique de soutien partiel de poids.
« Elle limite le besoin d’assistance, explique Sarah Lambert. La marchette est munie de capteurs qui mesurent le niveau de fatigue de l’enfant et s’ajuste selon le cas. Sur une marchette traditionnelle, l’enfant s’appuie sur ses bras, ce qui ne l’aide pas à renforcer ses jambes. Avec notre solution, il se sert davantage de ses jambes, ce qui lui permet d’améliorer sa mobilité. »
Un autre de ses avantages : elle peut transmettre des données pertinentes aux physiothérapeutes pour faciliter le suivi à distance.
L’idée de créer une entreprise pour lancer le produit sur le marché a rapidement fait son chemin. Ora Médical est née officiellement en 2020. Entre-temps, deux étudiants en génie biomédical, Marie-Pier Michaud et Guillaume Jones, se sont joints à l’aventure entrepreneuriale.
Au printemps, les entrepreneurs ont pu mener des tests préliminaires à l’école Victor-Doré, à Montréal, qui accueille des élèves atteints de déficience motrice.
« On nous a dit que notre marchette avait un réel potentiel », raconte-t-elle.
VERS LA COMMERCIALISATION
En juin dernier, la jeune entreprise a reçu le troisième prix d’une valeur de 35 000 $ dans le cadre du concours des Bourses Pierre-Péladeau. Un appui qui arrive à point nommé.
« La bourse va nous permettre d’accélérer le développement de notre produit en vue de la commercialisation, prévue à l’automne 2022, précise Sarah Lambert. On pourra notamment procéder à des itérations de notre marchette en vue des essais cliniques. Il nous faut également acheter du matériel de fabrication et poursuivre les démarches pour l’obtention d’un brevet international. »
Dans un premier temps, Ora Médical, qui a intégré le programme Propulsion au Centech, un incubateur d’entreprises, vise le marché nord-américain, mais lorgne déjà du côté de l’Europe.
« On a pris contact avec des physiatres en France qui se montrent très intéressés. [...] Dans les pays développés, on s’attaque à un marché de 350 000 enfants atteints de dystrophie musculaire. C’est malheureusement une pathologie courante. »
D’autres débouchés s’annoncent aussi porteurs. « Des centres de réadaptation nous ont approchés pour que l’on adapte notre solution aux personnes âgées », souligne Sarah Lambert, qui n’avait jamais pensé devenir entrepreneure avant de se lancer dans ce projet étudiant.
« Je ne pouvais pas passer à côté de cette opportunité, lance-t-elle. C’est très motivant de penser que notre produit pourra améliorer la vie des enfants handicapés. »