Une toilette écolo bien loin de la puante bécosse
Elle fonctionne grâce aux énergies thermique et éolienne
La toilette du futur attend les Québécois aux besoins pressants dans un parc de Deux-Montagnes, une alternative écologique sans eau, sans électricité, sans produits chimiques, et surtout sans odeur.
« Ça va enfin démontrer au citoyen qu’une toilette [sèche] peut être hygiénique, agréable et sécuritaire », croit Scott McKay, ex-chef du Parti vert du Québec et auteur du livre L’aventure du caca.
Car ces installations n’ont rien à voir avec les bécosses malodorantes ou les toilettes chimiques tant redoutées par certains.
Les deux toilettes Kazuba, installées au parc Mikaël-Kingsbury de Deux-Montagnes au début de l’été, fonctionnent grâce à un ingénieux système combinant les énergies thermique et éolienne.
Le principe est simple : le liquide tombe au fond d’une cuve, tandis que les matières solides restent sur une plaque, explique la responsable commerciale de l’entreprise française, Sandra Cossettini.
Puis, l’air et le soleil font leur oeuvre. La « cheminée » de la toilette, positionnée le plus au sud possible, concentre la chaleur et fait évaporer le pipi et se déshydrater le caca.
Et le flux d’air entre la cuvette et la cheminée permet d’évacuer toute odeur indésirable, insiste-t-elle, un sourire dans la voix.
VISION ÉCOLO
Pour Deux-Montagnes, l’intérêt de ces équipements trois saisons résidait d’abord et avant tout dans leur côté écologique.
« Chaque petit geste compte quand il est question d’environnement, alors on essaie de diminuer notre empreinte partout où on peut », affirme Benoit Ferland, directeur général de la municipalité.
Ces nouvelles toilettes seront vidangées une ou deux fois par année selon la fréquentation, alors qu’une toilette chimique doit souvent être vidée plusieurs fois par mois.
FUMIER HUMAIN
L’idéal serait cependant de composter les matières fécales restantes, fait remarquer Scott McKay, une option qu’envisage la petite ville des Laurentides.
« Le “fumier humain” pourrait être valorisé pour faire du compost ou du biogaz, plutôt que d’être envoyé à la station d’épuration », soutient M. McKay, qui s’est penché sur notre système d’égout.
Ce dernier croit que les toilettes sèches constituent « l’avenir » de la gestion de nos excréments, puisqu’elles diminuent le gaspillage d’eau potable et permettent la valorisation des matières organiques.
50 000 $ LA TOILETTE
Mais les toilettes Kazuba coûtent cher. Deux-Montagnes a allongé près de 50 000 $ par toilette, ce qui représente tout de même une économie par rapport à la construction de lieux d’aisances dans un bâtiment selon Benoit Ferland.
« Pour installer des “vraies” toilettes, il faut ouvrir la rue pour les raccorder à l’égout et au réseau électrique. C’est coûteux », illustre le directeur général.
Il espère maintenant en inciter d’autres – municipalités, campings ou pourvoiries – à adopter ces fameuses toilettes sèches.