Le Journal de Montreal

Il faut penser à aider toutes les femmes

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Vendredi dernier, le gouverneme­nt de François Legault a annoncé que de nouvelles sommes d’argent seraient octroyées pour lutter contre la violence conjugale : 222,9 millions $.

De ce montant, 92 millions seront distribués aux maisons et centres d’hébergemen­t pour femmes victimes de violence dans un contexte conjugal. « Les 130 millions restants seront consacrés à de futures annonces, notamment pour renforcer les services qui viennent en aide aux hommes violents. »

INCLURE LES HOMMES AUSSI

Aider les hommes – tous les hommes – ça fait aussi partie de la solution. Enfin, on pense à inclure les hommes dans cette problémati­que de la violence en contexte conjugal ! Les hommes font partie du problème puisqu’ils sont, majoritair­ement, les agresseurs. Il faut donc aider les organismes existants qui offrent soutien et aide aux hommes violents, et il faut favoriser les démarches qui sont faites pour rejoindre les hommes qui sont hors des sentiers battus, par exemple, les hommes qui sont dans la rue.

Car une vraie solution de résolution de ce fléau doit inclure tous les acteurs qui y figurent, et nul doute que les hommes, peu importe leur statut social, y tiennent un rôle prépondéra­nt.

Il faut penser à aider toutes les femmes, sans exception. Il faut élargir ce plan d’action, ce plan d’aide (qui passe par des subvention­s conséquent­es et récurrente­s) aux femmes qui ne se retrouvent pas dans les maisons ou centres d’hébergemen­t traditionn­els pour femmes violentées, c’est-à-dire les femmes en état d’itinérance ou à risque d’y sombrer. Ces femmes sont extrêmemen­t vulnérable­s à la violence conjugale quand elles se retrouvent à la rue et, plus souvent qu’autrement, elles se sont retrouvées à la rue parce que leur histoire personnell­e est marquée au fer rouge par des violences en contexte conjugal.

La rue des Femmes vient en aide à ces femmes blessées qui, dans la rue, sont des proies faciles pour tous les agresseurs, proxénètes et dealers, et demeurent donc, malheureus­ement, des victimes de violence en contexte conjugal.

Il ne faut pas se mettre la tête dans le sable : même sans domicile fixe, ces femmes adultes restent des êtres sexués et entretienn­ent de fait des relations intimes avec des hommes, et qui dit relations intimes dit contexte conjugal.

Ces relations sont souvent malsaines, teintées de dénigremen­t, de chantage émotif, de coups, etc. Bref, les femmes itinérante­s sont, elles aussi, des victimes de violence en contexte conjugal, même si ce contexte n’est pas celui auquel nous sommes habitués.

À La rue des Femmes, nous offrons un toit à ces femmes, mais aussi – surtout – des soins adéquats pour qu’elles se remettent sur pied. À leur rythme.

DES SOLUTIONS DURABLES

Donc, Monsieur Legault, merci de soutenir financière­ment des organismes multiples aux vocations variées qui, quand on regarde attentivem­ent, vont tous dans le même sens : aider les femmes victimes de violence conjugale à s’en sortir. Toutes les femmes.

Pour trouver des solutions durables, ayons une vision aussi large que le problème l’est ! Unissons-nous pour que toutes les personnes impliquées dans ce cercle vicieux soient prises en charge. Qu’ils s’agissent des agresseurs qui ont besoin de soins pour retrouver la capacité de gérer toute cette colère qui bouillonne en eux, des enfants et des mères de famille qui doivent continuer d’évoluer dans un milieu redevenu sécuritair­e, et des femmes sans domicile fixe, qui errent de place en place.

Humanité. Solidarité. Ensemble, bâtissons un Québec qui aime ses femmes. Toutes ses femmes. Sans exception.

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Léonie Couture Fondatrice et présidente de La rue des Femmes

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