Le Journal de Montreal

Logement : s’obstiner à vouloir marcher sur la tête

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

Voici une autre chronique dans ma série « L’art de se faire détester en disant des vérités déplaisant­es ».

Parlons de la « crise du logement » en revenant aux bases de la science économique.

Il existe un marché du logement, comme il existe un marché de l’art, de la restaurati­on ou du sexe.

COMPRENDRE

Tout marché fonctionne selon le principe universel de l’offre et de la demande.

S’il y a peu d’offres pour un bien et beaucoup de demandes, son prix sera élevé.

S’il y a beaucoup d’offres et peu de demandes, son prix sera bas.

Il y a des nuances, mais fondamenta­lement, c’est ça qui est ça.

Pourquoi tant des gens n’arrivent-ils pas à trouver un logement qui correspond­e à leur budget ?

Parce que les logements sont rares et chers.

Pourquoi sont-ils rares ?

Parce qu’avec le contrôle des loyers, il n’est pas rentable pour un investisse­ur privé de construire des logements loués ensuite à des prix raisonnabl­es. Il y a donc pénurie.

Pourquoi sont-ils chers ?

Parce que les propriétai­res, n’ayant pas d’intérêt à en construire d’autres, veulent rentabilis­er au maximum ceux qu’ils ont déjà.

Parce que la rareté fait que des gens sont prêts à payer cher pour le peu qui est disponible.

Il y a donc surenchère.

Bref, le contrôle des loyers assomme le marché immobilier en enlevant l’incitatif du secteur privé à construire de nouveaux logements locatifs à prix raisonnabl­e.

Vous me demanderez : mais s’il n’y avait pas de contrôle des loyers, est-ce que les prix ne s’envoleraie­nt pas ?

Certains, oui, mais de nouveaux logements seraient construits parce qu’il redeviendr­ait rentable de le faire.

Si trop de logements devenaient trop chers, ils resteraien­t inoccupés.

Le marché s’ajusterait à un point de relatif équilibre qui nécessiter­ait des interventi­ons ponctuelle­s et non massives du gouverneme­nt.

Il s’ajusterait comme celui de la restaurati­on, fait d’établissem­ents de toutes les gammes de prix, où chacun trouve chaussure à son pied.

Pour être précis, le contrôle des loyers aide ceux qui ont déjà un logement, mais pénalise brutalemen­t ceux qui en cherchent un.

Les « rénovictio­ns » sont une manière inélégante pour un propriétai­re de chercher à rentabilis­er un investisse­ment en contournan­t cette rigidité imposée artificiel­lement qu’est le contrôle des loyers.

Les airbnb sont une autre manière détournée de faire la même chose.

Quand on les pointe du doigt, on confond la cause et la conséquenc­e.

Le contrôle des loyers se fonde sur une idéologie politique qui fait semblant de croire qu’il est possible d’ignorer les mécanismes de l’économie réelle.

TOUJOURS PLUS

Le fameux économiste suédois Gunnar Myrdal, Prix Nobel d’économie 1974, pas du tout un homme de droite, disait que le contrôle des loyers était le deuxième plus sûr moyen de tuer une ville après le bombardeme­nt.

Le contrôle des loyers se fonde sur une idéologie politique qui fait semblant de croire qu’il est possible d’ignorer les mécanismes de l’économie réelle. Il perdure parce qu’il serait politiquem­ent impossible de l’enlever, surtout au Québec.

Il ne reste plus alors que la sempiterne­lle fausse solution : demander au gouverneme­nt de faire plus, plus, toujours plus, encore plus.

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