La prévention au coeur des recommandations de Laurent
La DPJ ne peut pas à elle seule enrayer la détresse et la souffrance des enfants
Québec doit investir massivement dans la prévention pour protéger les enfants plutôt que de s’en remettre uniquement à la DPJ, conclut le rapport Laurent, fruit d’un travail entamé après le décès tragique d’une fillette à Granby il y a deux ans.
« Nous voulons être clairs : ne comptez que sur les DPJ pour enrayer à elles seules la détresse et la souffrance des enfants, cela constitue une erreur et nous mène à une impasse et l’histoire nous l’enseigne », martèle la présidente de la Commission, Régine Laurent.
Avant tout, le Québec doit entreprendre un « virage prévention [qui] est obligatoire » afin d’éviter au plus d’enfants possible de se retrouver sous la responsabilité de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) que le rapport rendu public hier compare « aux soins intensifs ».
L’ancienne syndicaliste et infirmière plaide donc pour plus d’interventions auprès des familles, à l’école et dans les milieux psychosociaux dans son volumineux rapport pour que « dorénavant, aucun enfant ni aucun jeune n’arrive à la DPJ sans qu’eux-mêmes et leurs familles n’aient reçu le soutien nécessaire ».
CHANGER LA LOI
Le volumineux rapport ratisse large. Création d’une charte de l’enfance, modification de Loi sur la protection de la jeunesse, reconnaissance du rôle des organismes communautaires, allègement des conditions de travail des intervenantes sont au coeur des recommandations.
Mme Laurent refuse d’ailleurs d’en chiffrer le coût pour l’État, mais affirme qu’il serait tout aussi dispendieux de ne pas agir.
Rappelons que la Commission Laurent a été mise en place par le gouvernement Legault quelques semaines après la mort tragique d’une fillette de 7 ans à Granby, le 30 avril 2019. Ce drame qui avait secoué la province d’autant plus que la DPJ était impliquée dans le dossier.
Aussi, le rapport suggère la mise en place d’une « haute autorité » indépendante chargée de veiller sur les droits des enfants, avec le même statut que le Protecteur du citoyen ou le Vérificateur général.
Ce « Commissaire au bien-être et aux droits des enfants », nommé pour sept ans et conseillé par un conseil lui-même constitué de jeunes, serait chargé de surveiller la situation des enfants qui décèdent chaque année au Québec, notamment ceux sous la responsabilité de l’État.
La création d’un second comité consultatif composé d’enfants et de jeunes autochtones afin de représenter les intérêts de ces communautés est également recommandée.
En fin de soirée, François Legault a commenté le rapport en annonçant la création d’un groupe d’action interministériel afin de suivre l’application des recommandations. Ce dernier sera piloté par le ministre délégué à la Santé, Lionel Carmant.
« Je leur demande de faire en sorte qu’on livre la marchandise rapidement autant que possible. Et on ne ménagera pas les moyens pour y arriver », a écrit le premier ministre sur Facebook.