Le Journal de Montreal

Un père de quatre enfants meurt en chutant d’un toit

L’accident est survenu sur un chantier de l’hôpital de Saint-Jérôme il y a sept jours

- JONATHAN TREMBLAY

L’ÉPIPHANIE | Le travailleu­r de 29 ans décédé après avoir chuté du toit d’un hôpital des Laurentide­s était un père fier de ses quatre enfants et un colosse dont la force n’avait d’égale que son humour et sa bonté, selon ses proches.

« Ses enfants étaient sa plus grande fierté », laisse tomber Viky B. Pauzé, qui allaitait la petite dernière, Éléonore, 7 mois, en parlant de son conjoint, victime d’un triste accident il y a une semaine aujourd’hui.

Vers 6 h 30 mardi dernier, Étienne Plouffe, un grand gaillard de 6 pieds 3 pouces et 295 livres, effectuait la réfection des parapets du toit de l’hôpital de Saint-Jérôme. Pour une raison qui demeure nébuleuse, le travailleu­r aurait perdu pied et fracassé du même coup le garde-corps qui devait assurer sa sécurité et prévenir la chute fatale de cinq étages.

« Il serait tombé en voulant aider son partner, relate sa conjointe, qui n’en sait pas plus sur l’incident. C’est tout à fait lui. Il ne pensait jamais qu’il en faisait assez. »

Cette dernière le décrit comme un ami qui était « toujours là pour les autres », un bon vivant à la mémoire phénoménal­e, et drôle d’une absurdité unique en son genre.

« Il a déménagé tout le monde. Il voulait que les autres ne soient jamais mal pris, renchérit Simon Pouliot, un ami venu offrir son soutien à la petite famille de L’Épiphanie. Il était toujours en retard, mais on était juste heureux quand il arrivait. »

MEILLEUR AMI

Ce retard était souvent causé par les petits êtres avec qui Étienne Plouffe préférait prendre son temps, soit ses enfants Hayden, 6 ans, Logan, 4 ans, Derek, 3 ans et la petite Éléonore.

« Jouer avec eux, c’était sa passion. Il avait un coeur d’enfant. Il tripait sur l’univers Marvel. Des fois, ils partaient au parc le matin. Je les perdais jusqu’au souper, dit Mme B. Pauzé, qui croit que ses plus vieux saisissent la triste réalité. Ils m’ont demandé : comment papa va faire pour nous dire bonne nuit ? Ils n’ont pas juste perdu leur père, mais leur meilleur ami. »

VIDE, APRÈS 12 ANS...

L’ex-footballeu­r à l’étonnante force brute, qu’on surnommait « le boeuf », était aussi son meilleur ami à elle depuis l’adolescenc­e, avant de former un couple.

« Il m’a fiancée un mois après. Ç’aurait fait 12 ans en juillet, souffle-t-elle. Il y a une partie de moi qui ne le réalise pas, et une autre qui a choisi sa tombe et ses vêtements de funéraille­s. Je ne suis pas forte, je suis vide. »

En congé de maternité, l’infirmière compte sur le soutien d’une « belle grosse gang » pour rejoindre les deux bouts, avec quatre bouches à nourrir. Elle dit ne pas avoir eu à changer une couche, depuis.

« La distanciat­ion, c’est le dernier de nos soucis, présenteme­nt », se désole Jonathan Baril, un autre ami du couple.

Une campagne de sociofinan­cement a d’ailleurs été créée afin de venir en aide à la famille d’Étienne Plouffe.

« JOUER AVEC EUX, C’ÉTAIT SA PASSION. IL AVAIT UN COEUR D’ENFANT. [...] DES FOIS, ILS PARTAIENT AU PARC LE MATIN. JE LES PERDAIS JUSQU’AU SOUPER »

– Viky B. Pauzé, conjointe

 ?? PHOTO COURTOISIE CAROLINE FREREAULT ?? Étienne Plouffe, décédé mardi dernier à Saint-Jérôme, alors qu’il était en compagnie, il y a quelques mois, de sa petite famille, Logan, 4 ans, Derek, 3 ans, Hayden, 6 ans, et la petite Éléonore dans les bras de sa fiancée Viky B. Pauzé.
PHOTO COURTOISIE CAROLINE FREREAULT Étienne Plouffe, décédé mardi dernier à Saint-Jérôme, alors qu’il était en compagnie, il y a quelques mois, de sa petite famille, Logan, 4 ans, Derek, 3 ans, Hayden, 6 ans, et la petite Éléonore dans les bras de sa fiancée Viky B. Pauzé.

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