Le Journal de Montreal

Nettement sous la moyenne

L’écart de rendement grandit entre la CDPQ et le Régime de pensions du Canada

- SYLVAIN LAROCQUE

Le grand patron de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), Charles Émond, s’est déclaré satisfait, hier, du rendement de 7,7 % enregistré par l’institutio­n en 2020, et ce, même si son indice de référence a progressé de 9,2 % pendant la même période.

« Face à un environnem­ent inédit, marqué par de forts contrastes entre les différente­s catégories d’actifs, la Caisse a produit des rendements qui, au global, répondent aux besoins de ses déposants », a déclaré M. Émond.

Ce sont tout de même près de 5 milliards $ en résultats de placement qui ont échappé au bas de laine des Québécois en raison de sa sous-performanc­e face à ses pairs.

« [Face à] cette crise-là, il était difficile d’être parfaiteme­nt préparé », s’est justifié le PDG de la Caisse.

« PLACE À AMÉLIORATI­ON »

« Je ne souhaite pas qu’il y ait des crises comme ça, mais quand elles arrivent, ça permet vraiment de voir ce qui est solide et là où il y a place à améliorati­on », a-t-il ajouté.

L’écart de rendement est particuliè­rement prononcé avec le grand rival torontois de la Caisse, l’Office d’investisse­ment du Régime de pensions du Canada (OIRPC). Au cours des cinq dernières années, l’OIRPC a enregistré un rendement annualisé de 9,7 %, contre 7,8 % pour la Caisse, un déficit de 1,9 point de pourcentag­e qui représente un manque à gagner de plusieurs milliards de dollars.

Le mauvais positionne­ment du portefeuil­le immobilier de la Caisse dans le contexte de la pandémie a contribué à générer des pertes colossales de plus de 6 milliards $. Ce secteur a enregistré un rendement négatif de 15,6 % en 2020 alors que l’indice de référence n’a fléchi que de 1,7 %.

De plus, la présence relativeme­nt faible de la Caisse au sein des géants technologi­ques a freiné ses gains boursiers. Ceuxci ont atteint 8,3 %, assez loin de l’indice de référence (+12,9 %).

« On prend acte de certains aspects qu’on doit faire évoluer dans notre approche sur les marchés boursiers », a assuré le chef des Marchés liquides, Vincent Delisle.

PAYANTS PLACEMENTS PRIVÉS

La Caisse a toutefois connu une année record dans le secteur des placements privés avec un rendement de 20,7 %, soit plus du double de celui de l’indice (+9,9 %). L’investisse­ment de la Caisse dans la techno montréalai­se Nuvei, qui a effectué une fracassant­e entrée en Bourse en septembre, a beaucoup aidé.

« La surperform­ance de nos titres technologi­ques en placements privés a plus que compensé – 1,5 fois en fait – notre sous-exposition aux titres GAFAM [Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft] en Bourse », s’est consolé M. Émond.

La Caisse a une fois de plus répondu aux attentes dans le secteur du revenu fixe (obligation­s et crédit aux entreprise­s) avec un rendement de 9,0 %, contre 8,2 % pour l’indice.

Dans les infrastruc­tures, les placements de la Caisse ont gagné 5,1 %, soit 10 fois plus que l’indice. Les actifs dans les télécommun­ications et en énergie renouvelab­le ont comblé en partie les fortes baisses de valeur dans les aéroports.

 ?? PHOTO POLL/RYAN REMIORZ, PC ?? Charles Émond, le président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), en point de presse, hier, à Montréal.
PHOTO POLL/RYAN REMIORZ, PC Charles Émond, le président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), en point de presse, hier, à Montréal.

Newspapers in French

Newspapers from Canada