Le Journal de Montreal

Power jure ne pas avoir déplacé un emploi

- SYLVAIN LAROCQUE

Power Corporatio­n assure être restée sourde à une soi-disant demande de Pierre Elliott Trudeau de rediriger ses activités et ses investisse­ments à l’extérieur du Québec dans la foulée de l’arrivée au pouvoir du Parti québécois, en 1976.

Dans un télégramme en anglais daté de décembre 1976, l’ambassadeu­r américain au Canada, Thomas Enders, évoque des discussion­s qui auraient eu lieu entre M. Trudeau et le PDG de Power, Paul Desmarais.

« M. Desmarais, dont les entreprise­s emploient 48 000 personnes au Québec, pense que Trudeau veut qu’il laisse les structures organisati­onnelles intactes dans la province, mais qu’il redirige (reprogram) vers le reste du Canada autant d’activités et d’investisse­ments que possible », peut-on lire dans le document mis au jour par CBC News.

« Nous ne pouvons pas faire de commentair­es spécifique­s puisqu’il s’agit d’une conversati­on présumée entre deux personnes qui sont aujourd’hui décédées », a réagi hier Stéphane Lemay, porte-parole de Power Corporatio­n.

TRÈS IMPROBABLE

M. Lemay a toutefois jugé « très improbable qu’une telle demande ait été faite par M. Trudeau » et a affirmé que les décisions prises par M. Desmarais à l’époque « ne soutiennen­t pas du tout la théorie qui est mise de l’avant » dans le télégramme.

« Power n’a pas transféré d’emplois, d’opérations ou d’installati­ons à l’extérieur du Québec au cours de cette période », a insisté le porte-parole.

Le congloméra­t a envoyé au Journal le texte de discours prononcés par Paul Desmarais lors d’assemblées d’actionnair­es passées.

Quelques jours avant le référendum sur la souveraine­té de mai 1980, M. Desmarais assurait que depuis l’élection du PQ, il a « encouragé les chefs d’entreprise­s à rester au Québec et à faire face au nouveau défi qui nous était posé ».

En 1977, il avait qualifié de « mauvais » le choix de certains de quitter le Québec.

En 1978, toutefois, Paul Desmarais avait estimé que la décision de la Sun Life et d’autres entreprise­s de déménager leur siège social à l’extérieur du Québec était « le résultat parfaiteme­nt prévisible des politiques [économique­s] du gouverneme­nt » péquiste.

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