Et les déplorables ?
Le soupir de soulagement a été entendu aux quatre coins de la planète.
La raison et la dignité ont repris leurs droits sur le chaos et la colère.
Malgré l’importance historique de la victoire de Joe Biden, le message de l’électorat devrait servir de mise en garde.
Plus de 47 % des électeurs se sont rangés derrière le président le plus impopulaire de l’histoire récente. Son parti a fait des gains au Congrès et protégé sa mainmise sur les législatures des différents États.
Le Parti démocrate et les grands médias américains ne devraient pas l’oublier.
À force de concentrer tous leurs regards sur les dérapages et mensonges de Donald Trump, ils ont oublié d’essayer de comprendre la majorité silencieuse, celle qui détient les clés du pouvoir, surtout dans un système aussi décentralisé que celui des États-Unis.
MÉDIAS PARTISANS
L’aplaventrisme partisan de la chaîne Fox News a fait couler beaucoup d’encre.
Cette semaine, CNN (pour ne nommer que celle-là) n’a pas fait mieux. On n’en avait que pour les manoeuvres antidémocratiques de Donald Trump.
L’échec des démocrates au Congrès n’était qu’une arrière-pensée. Une réalité qui, avouons-le, nuisait au narratif de la victoire de la justice sociale.
Or quand les grands médias abandonnent leur devoir d’expliquer, de vulgariser, d’essayer de comprendre une réalité qui leur échappe, ils alimentent la méfiance de millions d’électeurs face aux élites. L’élection de Joe Biden ne suffira pas à réparer ce lien de confiance brisé.
La gauche progressiste ne devrait pas oublier que l’électorat lui a servi une sérieuse mise en garde
AU-DELÀ DES PAUMÉS À CASQUETTE
On a tous vu et entendu les militants enragés de Donald Trump qui sont prêts à risquer leur vie dans un rassemblement de dizaines de milliers de personnes en pleine pandémie.
Mais qui sont les autres Américains qui votent Trump ?
J’en connais quelquesuns. Des missionnaires, des enseignants, un agent d’immeuble.
Ils habitent le Minnesota, la Géorgie entre autres. Ils sont éduqués, fortement engagés dans leur communauté. Ils luttent tous les jours contre le racisme et l’exclusion.
Car il y a des millions d’Américains qui ont choisi Donald Trump malgré Trump.
Ce sont des comptables, des secrétaires, des travailleurs qui s’inquiètent de voir leur emploi s’envoler vers la Chine, des parents effrayés par les violences qui ont déchiré le pays au printemps, des étudiants qui en ont marre du cancel culture sur les campus universitaires.
Tant que la gauche progressiste se complaira à les démoniser plutôt que de les comprendre, tant que CNN va les ridiculiser plutôt que de les écouter, les Donald Trump de ce monde auront une chance de mettre en péril la démocratie.
Elle n’a certainement pas compris les leçons de 2016.