La chloroquine suscite toujours la méfiance
Les contradictions entre les études font hésiter le Québec
Le flou persiste sur l’efficacité de la chloroquine pour traiter la COVID-19 et les études se contredisent.
Pour l’instant, les données disponibles ne laissent pas entrevoir que la chloroquine et son dérivé, l’hydroxychloroquine, soient les remèdes tant espérés, note Sylvie Bouchard, directrice de l’évaluation des médicaments et des technologies à des fins de remboursement de l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS).
PREUVES INSUFFISANTES
« Il n’y a pas un niveau de preuve suffisamment élevé qui nous permet de croire que ce médicament devrait être utilisé largement dans la population. »
Cependant, une foule d’études sont en cours partout à travers le monde, et « ça peut changer », indique la scientifique, qui remarque cependant que plusieurs publications sont « contradictoires ».
Les études du Pr Didier Raoult, en France, laissaient entrevoir des résultats encourageants. Elles ont cependant été largement critiquées pour leurs faiblesses méthodologiques.
En Chine, une étude a démontré que les patients à qui on a administré de la chloroquine avaient plus de chance de sortir rapidement de l’hôpital qu’un groupe qui a reçu une combinaison de lopinavir/ritonavir. Mais il s’agissait d’une petite cohorte de 22 malades.
PLUS DE DÉCÈS
Une récente étude a aussi été réalisée auprès de 368 vétérans de l’armée américaine et représente le plus large groupe analysé jusqu’à présent.
Les conclusions ont déçu. Les patients décédés étaient plus nombreux dans le groupe qui a reçu le médicament que dans le groupe contrôle.
Plus encore, deux études récentes, une française et une chinoise, ont révélé que le médicament n’était pas efficace chez les patients gravement ou plus légèrement atteints.
Malgré tout, l’Institut national de santé américain a lancé une étude chez 2000 patients pour tester le médicament qui avait été vanté par le président Donald Trump.
Au Québec, une étude est menée à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill.
Elle comporte deux branches : en prévention et en traitement. Dans les deux cas, un comprimé d’hydroxychloroquine ou un placebo est administré aux participants à l’essai clinique.
« Il n’y a pas encore de résultats préliminaires », a indiqué la porte-parole de McGill, Fabienne Landry.
AU NOUVEAU-BRUNSWICK
Le Nouveau-Brunswick a choisi une avenue différente de celle du Québec en permettant la prescription de l’hydroxychloroquine.
Mais selon le Dr Gabriel Girouard, microbiologiste-infectiologue à Moncton, on ne peut pas conclure que c’est pour cette raison que la province s’en tire mieux au chapitre des décès.
Les mesures de distanciation mises en place rapidement, la faible taille de la province, le peu de voyageurs internationaux, et l’implantation des tests de dépistage ont joué davantage, a-t-il indiqué à Radio-Canada.