Le Journal de Montreal

La chloroquin­e suscite toujours la méfiance

Les contradict­ions entre les études font hésiter le Québec

- STÉPHANIE MARTIN Le Journal de Québec

Le flou persiste sur l’efficacité de la chloroquin­e pour traiter la COVID-19 et les études se contredise­nt.

Pour l’instant, les données disponible­s ne laissent pas entrevoir que la chloroquin­e et son dérivé, l’hydroxychl­oroquine, soient les remèdes tant espérés, note Sylvie Bouchard, directrice de l’évaluation des médicament­s et des technologi­es à des fins de remboursem­ent de l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS).

PREUVES INSUFFISAN­TES

« Il n’y a pas un niveau de preuve suffisamme­nt élevé qui nous permet de croire que ce médicament devrait être utilisé largement dans la population. »

Cependant, une foule d’études sont en cours partout à travers le monde, et « ça peut changer », indique la scientifiq­ue, qui remarque cependant que plusieurs publicatio­ns sont « contradict­oires ».

Les études du Pr Didier Raoult, en France, laissaient entrevoir des résultats encouragea­nts. Elles ont cependant été largement critiquées pour leurs faiblesses méthodolog­iques.

En Chine, une étude a démontré que les patients à qui on a administré de la chloroquin­e avaient plus de chance de sortir rapidement de l’hôpital qu’un groupe qui a reçu une combinaiso­n de lopinavir/ritonavir. Mais il s’agissait d’une petite cohorte de 22 malades.

PLUS DE DÉCÈS

Une récente étude a aussi été réalisée auprès de 368 vétérans de l’armée américaine et représente le plus large groupe analysé jusqu’à présent.

Les conclusion­s ont déçu. Les patients décédés étaient plus nombreux dans le groupe qui a reçu le médicament que dans le groupe contrôle.

Plus encore, deux études récentes, une française et une chinoise, ont révélé que le médicament n’était pas efficace chez les patients gravement ou plus légèrement atteints.

Malgré tout, l’Institut national de santé américain a lancé une étude chez 2000 patients pour tester le médicament qui avait été vanté par le président Donald Trump.

Au Québec, une étude est menée à l’Institut de recherche du Centre universita­ire de santé McGill.

Elle comporte deux branches : en prévention et en traitement. Dans les deux cas, un comprimé d’hydroxychl­oroquine ou un placebo est administré aux participan­ts à l’essai clinique.

« Il n’y a pas encore de résultats préliminai­res », a indiqué la porte-parole de McGill, Fabienne Landry.

AU NOUVEAU-BRUNSWICK

Le Nouveau-Brunswick a choisi une avenue différente de celle du Québec en permettant la prescripti­on de l’hydroxychl­oroquine.

Mais selon le Dr Gabriel Girouard, microbiolo­giste-infectiolo­gue à Moncton, on ne peut pas conclure que c’est pour cette raison que la province s’en tire mieux au chapitre des décès.

Les mesures de distanciat­ion mises en place rapidement, la faible taille de la province, le peu de voyageurs internatio­naux, et l’implantati­on des tests de dépistage ont joué davantage, a-t-il indiqué à Radio-Canada.

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PHOTOS SIMON CLARK ET D’ARCHIVES, AFP Le Pr Didier Raoult fait beaucoup parler de lui depuis plusieurs mois pour ses études sur la chloroquin­e, qu’il considère comme un traitement prometteur pour les malades de la COVID-19.

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