Des semaines à souffrir des « orteils COVID »
L’homme n’a passé aucun test de dépistage et demeure sans diagnostic, malgré deux visites à l’hôpital
Après avoir souffert des « orteils COVID » pendant plusieurs semaines, un quinquagénaire qui a craint de devoir être amputé déplore qu’on ne considère pas ces symptômes comme un signe suffisant pour être testé.
« J’ai pleuré de douleur pendant plus d’une semaine, je ne dormais plus, j’ai pensé que j’allais être mutilé », explique un Québécois résidant dans une région éloignée qui a demandé à taire son nom, car il travaille dans le domaine public.
En seulement quelques jours, le quinquagénaire a vu apparaître de nombreux hématomes sur ses pieds.
PLAIES OUVERTES
Rapidement, ces derniers « se transforment en plaies ouvertes, puis on observe une nécrose de la chair, la circulation sanguine devient très difficile dans les orteils, les pieds deviennent rouges, les orteils mauves, puis violets », rapporte-t-il.
Une première consultation à l’urgence n’aboutit à aucun diagnostic.
Le patient ne passe pas de test de dépistage pour la COVID-19, puisqu’il ne présente aucun des symptômes qui y sont associés comme la toux, la fièvre ou la perte d’odorat.
Le lendemain, l’état de ses pieds se dégrade. Il retourne à l’hôpital, et en revient bredouille une fois de plus.
C’est finalement en contactant personnellement des praticiens américains qu’il
apprend que ses maux sont possiblement liés au coronavirus.
Cependant, « on ne m’a rien affirmé, on ne voulait pas me faire de diagnostic à distance », souligne le quinquagénaire.
Sans perdre de temps, il a prévenu l’hôpital où il s’est présenté deux fois pour « qu’ils sachent qu’ils ont peut-être été contaminés ». Il s’est placé en isolement volontaire pendant une vingtaine de jours.
MÉSENTENTE CHEZ LES SPÉCIALISTES
S’il n’y a encore aucun lien réellement établi entre les « orteils COVID » et les lésions cutanées, plusieurs groupes de médecins dans le monde remarquent ces symptômes chez des patients atteints.
Mardi, l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux écrivait que les patients qui montrent ce type de symptômes « devraient être considérés comme des cas possibles de COVID-19 ».
Malgré cela, le ministère de la Santé et des Services sociaux a précisé par courriel, que « les lésions cutanées ne font pas partie des symptômes principaux retenus » en matière de dépistage.
Pour le quinquagénaire, le gouvernement manque de cohérence.
« Je comprends que ce n’est pas facile, qu’on est en train d’apprendre au fur et à mesure, mais c’est comme dire : “finalement, il est possible que le gars ait le coronavirus, mais on ne se sent pas tenu de lui faire un test” », regrette-t-il.
En date du 14 mai, il n’avait toujours reçu aucun diagnostic. « Si je devais revivre ça, j’insisterais pour passer un test de dépistage », conclut-il.