Little Richard nous a quittés à 87 ans
Le pionnier du rock ‘n’ roll a inspiré plusieurs artistes
NEW YORK | (AFP) Little Richard, un des pionniers américains du rock and roll, connu pour ses hymnes entraînants comme Tutti Frutti ou Long Tall Sally et sa présence endiablée sur scène, est mort hier à l’âge de 87 ans.
La légende de la musique américaine est morte d’un cancer, a déclaré le révérend Bill Minson, ami proche du chanteur.
Little Richard, Richard Wayne Penniman de son vrai nom, a scellé avec Tutti
Frutti, succès planétaire resté dans toutes les mémoires grâce à son intro « Awop bop a loo mop / Alop bam boom », l’avènement d’une époque.
Venu du R&B, il a permis dans les années 1950, à l’instar d’autres artistes noirs comme Chuck Berry ou Fats Domino, l’émergence d’un genre nouveau, le rock ‘n’ roll. Il était considéré par Mick Jagger luimême comme « la plus grande inspiration de (son) adolescence ».
OMNISEXUEL
Mais bien plus que ces deux contemporains relativement sages, Little Richard a contribué à donner au rock ‘n’ roll un air de scandale, avec ses chemises criardes, sa coiffure banane de 15 cm de haut, et sa moustache aussi fine qu’un trait de crayon.
L’homme était aussi connu pour sa foi religieuse que pour sa sexualité débridée, ses orgies dans des chambres d’hôtel dans les années 1960 étant par exemple restées célèbres.
Les paroles de Tutti Frutti (1955), qui faisaient dans une première version référence au sexe entre hommes, avaient été édulcorées pour passer à la radio.
Mais dans l’Amérique de l’après-Seconde Guerre mondiale, façonnée à l’image d’une classe moyenne blanche conservatrice, le style de ce showman, qui se décrivait comme « omnisexuel » et avait été chassé de chez lui à l’adolescence par son père en raison de son style trop efféminé, avait de quoi détonner.
« Nous sommes tous à la fois homme et femme. Le sexe, pour moi, est comme un buffet. Tout ce qui me tente, je le prends », expliquait-il au magazine GQ en 2012.
MISSIONNAIRE
Il est né le 5 décembre 1932 dans la ville de Macon en Géorgie, dans un sud des États-Unis encore très ségrégé, conservareligieux. teur et C’est à l’église, où il rêvait de devenir pasteur, qu’il prit goût à la musique. Son éducation religieuse l’a suivi toute sa vie : après ses orgies, il lisait parfois des textes religieux et avait interrompu une tournée en 1957, au sommet de sa gloire, pour faire le missionnaire pour une église évangélique.
Il a inspiré des artistes légendaires comme les Beatles, David Bowie, Elton John ou les Rolling Stones donc, qui n’ont pas manqué de lui rendre hommage tout au long de leur carrière.
Bowie avait expliqué avoir été fasciné par Little Richard en le voyant jouer dans un film à l’âge de sept ans. « Sans lui, je n’aurais pas fait de la musique », avait-il expliqué.
Jimmy Page, le guitariste de Led Zeppelin, a salué hier « une bien triste perte ». « Ce sont les morceaux de Little Richard qui ont façonné le rock ‘n’ roll », a-t-il estimé.
Pianiste, chanteur et compositeur, Little Richard fut parmi les premiers artistes à être introduits au Rock & Roll Hall of Fame, le panthéon américain du rock en 1986.