Le Journal de Montreal

Libérer plus vite des détenus pour bien gérer la crise

- KATHRYNE LAMONTAGNE

Des agents de libération conditionn­elle dénoncent la « pression » mise par les services correction­nels pour libérer plus rapidement et avec moins d’encadremen­t des détenus afin de faire face à la pandémie.

« Les valves sont ouvertes », dénonce Yvon Barrière, vice-président exécutif régional de l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC-Québec).

Le syndicalis­te refuse que les quelque 300 agents de libération conditionn­elle qu’il représente soient « complices d’une gestion de risque improvisée », qui pourrait mettre en danger la sécurité du public.

LIBÉRATION ANTICIPÉE

Le 31 mars, le ministre Bill Blair demandait à la Commission des libération­s conditionn­elles du Canada (CLCC) et à Service correction­nel Canada (SCC) de déterminer « si des mesures pourraient être prises pour faciliter la libération anticipée de certains délinquant­s », afin de mieux contrôler une éventuelle éclosion de COVID-19 entre les murs d’un établissem­ent.

Dans les jours suivants, des directives ont été envoyées aux agents de libération conditionn­elle afin que soient révisés les dossiers de certains détenus, notamment en fonction de leur état de santé, de leur âge et de leur dangerosit­é.

DEMANDES REFUSÉES... AVANT LA CRISE

« Comme si les décisions prises avant la pandémie n’étaient plus bonnes, déplore M. Barrière. Tous les cas étudiés en décembre, janvier et février pour une semi-liberté, qui ont été refusés, sont en train d’être revus. Mais pas de pandémie, pas d’appel du ministre Blair et ces garslà demeurent incarcérés jusqu’à la fin de leur mandat ! » ajoute le représenta­nt syndical.

Une pression serait aussi faite pour assouplir les conditions encadrant la semi-liberté.

« Par exemple, quelqu’un qu’on enverrait en maison de transition et en thérapie, on nous demande de réévaluer pour voir si on ne peut pas l’envoyer chez lui », dénonce un agent de libération conditionn­elle d’expérience.

DES MAISONS QUI DÉBORDENT

C’est que les maisons de transition débordent.

« Et même dans les maisons de transition, on leur demande aussi d’évaluer la pertinence que des cas s’en aillent à résidence », poursuit ce même agent.

Il n’a pas été possible de savoir si des détenus avaient, jusqu’ici, été libérés plus tôt que prévu. La CLCC n’a pas répondu à nos questions, hier.

De son côté, le SCC affirme examiner « les options entourant la mise en liberté en toute sécurité des délinquant­s dans la collectivi­té ».

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