Revirement électoral pour Trump ?
Depuis plusieurs mois, il paraît évident que Donald Trump va remporter les prochaines élections présidentielles. Mais le COVID-19 pourrait changer la donne.
Les démocrates sont incapables de trouver un leader rassembleur. La dernière élection présidentielle a montré que le prochain candidat démocrate doit faire mieux que de remporter la majorité des voix. Il doit aussi remporter des voix dans des États clefs qui demeurent, pour le moment, sous l’emprise de Trump.
Les sondages montrent que les principaux candidats démocrates vaincraient tous Trump en ce qui concerne le nombre de voix, exactement comme l’avait fait Hillary Clinton. Mais aucun n’est capable de susciter une gigantesque vague en sa faveur. C’est pourtant la seule manière de battre Trump.
DES CANDIDATS INSATISFAISANTS
Bernie Sanders mobilise l’électorat de gauche et une partie de celui du centre. Mais il ne recueille pas assez d’appuis pour susciter le grand élan national requis pour défaire Trump.
Inversement, Michael Bloomberg ne parvient pas à mobiliser l’électorat de gauche. Lui non plus ne peut soulever de grande vague en sa faveur.
Quant à Joe Biden, il donne l’image d’un homme d’une autre époque, celle de Barack Obama. Il ratisse plus large que les autres candidats, mais il ne mobilise pas les jeunes. Sa victoire de ce week-end en Caroline du Sud peut lui donner espoir, mais il serait surprenant qu’il fasse mieux qu’Hillary Clinton.
Les autres candidats, malgré leur valeur, semblent incapables de remporter l’investiture.
NOUVEAU FACTEUR
Mais la donne pourrait changer. La crise du coronavirus agit comme un révélateur de l’incompétence de Trump. Comme si, tout à coup, certains électeurs réalisaient que sa présidence est dangereuse.
Il est clair que les bourses occidentales ont chuté quand la nouvelle des mises en quarantaine de villes italiennes est tombée. Le virus se rapprochait.
Mais Trump a probablement accentué la débâcle boursière par la nomination de Mike Pence comme responsable national de la lutte au coronavirus.
À cela s’ajoute le risque très réel que le coronavirus frappe fortement les États-Unis. Outre les ravages qu’il pourrait causer parmi la gérontocratie américaine, le virus pourrait aussi faire ressortir l’immense médiocrité du système médical américain pris dans son ensemble.
DANGER POUR TRUMP
Trump pourrait ainsi perdre les deux principaux piliers sur lesquels il s’appuie pour sa réélection : la relativement bonne performance de l’économie américaine et les prédictions apocalyptiques des idéologues en cas de réforme du système de santé américain.
Même si Trump estime, avec raison, que le virus devrait pratiquement disparaître
avec l’arrivée du temps chaud, sa propagation fulgurante pourrait désorganiser l’économie américaine pendant plusieurs mois.
Le COVID-19 a déjà créé une psychose dans plusieurs pays du monde. Rien n’indique que les États-Unis y échapperaient. Au contraire, étant donné le penchant sensationnaliste de plusieurs médias américains, les histoires d’horreur en santé seraient vite étalées sur la place publique.
Que Biden, Sanders ou Bloomberg gagne le « super mardi » de demain, alors que 14 États choisiront leurs délégués pour la convention démocrate, ne modifie donc pas grand-chose. On peut comprendre que les démocrates cherchent à mousser cet événement. Mais il ne changera pas la tendance de fond des élections présidentielles de novembre. Le COVID-19 a ce potentiel.