La SQ traque les délinquants sur la 132
Des agents sont postés presque quotidiennement à l’échangeur de la 25 près du tunnel La Fontaine
L’échangeur routier de la 440, où a eu lieu un accident tragique cet été, n’est pas le seul où les manoeuvres dangereuses sont quotidiennes. Sur la route 132 vers le tunnel Louis Hippolyte-La Fontaine, les conducteurs qui coupent la file sont si nombreux que les policiers font des opérations presque chaque jour.
J’ai accompagné il y a quelques jours quatre agents de la Sûreté du Québec en service à l’échangeur de la 132 est et de la 25 nord, vers 7 h 30 le matin. Même si la circulation était relativement fluide en direction du pont-tunnel, des automobilistes délinquants se rangeaient à la toute dernière minute dans la file, malgré la ligne continue double au sol.
« Ça arrive souvent qu’on se fasse applaudir quand on les intercepte, me raconte le lieutenant Christian Paquin, responsable du Bureau de la sécurité routière à la SQ. Ce comportement fâche énormément les gens, en plus d’être extrêmement dangereux. » La police intervient quotidiennement dans ce secteur où circulent en moyenne plus de 120 000 voitures par jour.
LE TUNNEL DÉBORDE
En moins d’une heure, 15 conducteurs délinquants ont été interceptés, incluant des camionneurs. « Plus l’heure de pointe est dense, plus les automobilistes s’impatientent et deviennent téméraires », observe le lieutenant Paquin.
Par courriel, le ministère des Transports affirme que l’aménagement de l’échangeur R132/A20-25 est « sécuritaire » et que les voies et ponts d’étagement du secteur ont même été réaménagés il y a quelques années au coût de 170 M$. La raison pour laquelle il y a de si longues files d’automobiles — et autant de délinquants causant des accidents — c’est que la capacité du tunnel La Fontaine est dépassée durant les heures de pointe.
UN PROJET PILOTE
Autrement dit, le nombre de voitures sur les routes ne cesse d’augmenter et le pont-tunnel déborde. Vu qu’il est composé de caissons de béton déposés au fond du fleuve, il est impossible de l’élargir à moins de tout détruire... Et ce n’est pas le plan du gouvernement. Au contraire, de 2020 à 2024, le MTQ a prévu des travaux de réfection du tunnel qui vont engendrer des entraves à la circulation encore plus monstrueuses.
Dans un contexte où le nombre d’automobilistes impatients et « coupeux de file » risque de se multiplier, le MTQ tente une nouvelle stratégie. Il s’agit d’un projet pilote de marquage sur la chaussée indiquant pour chaque voie la destination visée.
« C’est une bonne idée, ça pourrait aider à faciliter les mouvements dans l’échangeur », analyse Nicolas Saunier, professeur en génie civil à Polytechnique.
Mais selon l’expert, le gouvernement doit faire preuve de plus d’audace s’il veut vraiment rendre les échangeurs autoroutiers plus fluides et sécuritaires.
Par exemple, la création d’une voie réservée aux poids lourds pour diminuer les contacts camions autos, des radars photo pouvant identifier les voitures qui dépassent la ligne continue, des contraventions plus salées, etc.
Le MTQ s’est dit ouvert à l’idée d’utiliser des radars photo ou panneaux de vitesse numériques pour modifier les comportements et « conserver un écoulement de la circulation plus stable ».
Reste à voir ce qui se concrétisera réellement pour la route 132.
En attendant, une chose est sûre, la SQ ne manquera pas de boulot.