Le Journal de Montreal

Un enfant seul ignoré par 50 personnes

Le Journal a fait le test : quand quelqu’un réagirait-il à la vue d’un enfant seul dans un parc ?

- MADELEINE PILOTE-CÔTÉ – Avec la collaborat­ion de Jean-Maxime Bourgoin

Une cinquantai­ne de personnes sont passées sans rien faire à la vue d’un enfant de quatre ans seul dans un parc, a-t-on pu constater dans notre mise en scène.

Que feriez-vous si vous croisiez un bambin seul dans un parc ? C’est ce qu’a voulu tester l’équipe numérique du Journal ,en laissant un enfant seul à Longueuil lors d’une expérience captée sur caméra il y a quelques semaines.

Résultat : une cinquantai­ne de personnes sont passées sans réagir.

En mai et juin, des enfants en bas âge laissés seuls ont fait les manchettes dans la région de Québec.

En quelques jours, un bambin de quatre ans, un autre de trois ans, un garçon de cinq ans et une fillette de trois ans ont été aperçus déambulant sans surveillan­ce.

Des gens ont alerté la police et ces quatre enfants se sont finalement trouvés entre bonnes mains.

Mais combien de personnes ont vu ces enfants sans rien faire ?

Le 4 juillet, notre équipe a installé des caméras au parc St. Mark, à Longueuil, un emplacemen­t achalandé sur l’heure du dîner. Et nous avons demandé à Gustave, tout juste quatre ans, de simuler qu’il était perdu. Le bambin était bien entendu discrèteme­nt surveillé à quelques pas de là.

« OÙ EST MA MAMAN ? »

En bordure de trottoir, mangeant ses bonbons, Gustave a passé 60 minutes à regarder le vide. Une vingtaine de personnes sont passées, lui lançant des regards et des sourires avant de poursuivre leur chemin. Puis, l’enfant s’est mis à répéter à voix haute : « Où est ma maman ? ». Encore une fois, près de 10 personnes sont passées. Il s’est écoulé 47 minutes avant qu’une dame s’éloigne pour appeler la police.

Après avoir visionné ces images, la police de Longueuil s’est dite préoccupée.

« Ce n’est pas normal, même que c’est inquiétant que les gens ne s’arrêtent pas, soutient Tanja Mutlak, agente à la section prévention, vigilance et relation avec la communauté. Mais c’est parfois par peur d’être impliqués dans un cas de disparitio­n d’enfant que les gens ne s’arrêtent pas. »

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PHOTO AGENCE QMI, JEAN-MAXIME BOURGOIN Gustave, 4 ans, s’est assis seul, piteux, sur ce banc de parc en attendant d’être aidé.
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