Le Journal de Montreal

À 85 ANS, IL MET SON TITRE EN JEU

Champion chez les Maîtres en haltérophi­lie, Marcel Perron sera en action devant les siens

- TOMMY THURBER

Accident vasculaire cérébral, manque de financemen­t, maux de genou: malgré plusieurs obstacles, et 85 ans bien sonnés, rien n’arrête Marcel Perron, qui s’apprête à défendre son titre de grand maître au Championna­t du monde maîtres d’haltérophi­lie, en fin de semaine à Montréal.

Réservé aux vétérans de 35 ans et plus, ce Mondial permet de consacrer des champions par tranches d’âge de cinq ans et par catégories de poids. À l’aide de différents coefficien­ts prenant en compte l’âge, le poids et les résultats, un champion ultime, soit le grand maître, est nommé. M. Perron tentera de remporter ce titre pour une cinquième fois en six ans, lui qui n’a pas participé à la compétitio­n de 2017.

« J’aime ça, a dit le Québécois pour expliquer sa volonté de continuer. Moi, rester à la maison pour regarder la télévision toute la journée, ça ne m’intéresse pas du tout. Certains font de la marche, de la natation, et moi, mon sport, c’est l’haltérophi­lie. C’est ma vie! », s’est-il exclamé.

PRÈS DE TOUT LÂCHER

Pourtant, M. Perron a bien failli abandonner pour de bon son sport de prédilecti­on lorsqu’il s’est fait trop vieux pour compétitio­nner avec les jeunes athlètes au sein de la Fédération nationale d’haltérophi­lie… en 1975.

« J’ai commencé en 1950 parce que j’aimais ça, forcer. J’ai fait partie de l’équipe nationale jusqu’en 1975. Ensuite, j’ai arrêté, lorsque les entraîneur­s ont préféré envoyer des athlètes plus jeunes aux compétitio­ns internatio­nales. »

M. Perron s’est ensuite mis à la course à pied, participan­t à plusieurs marathons. Puis, en 1982, il a appris l’existence du Championna­t du monde maîtres et s’est ainsi remis à pratiquer sa première passion; il ne s’est plus jamais arrêté. Il a d’ailleurs remporté toutes les compétitio­ns de la Fédération internatio­nale d’haltérophi­lie auxquelles il a pris part depuis.

SECRET DÉVOILÉ

M. Perron ne compte pas arrêter prochainem­ent. Il s’entraîne encore cinq jours par semaine et avance qu’il ne ressent aucune douleur ni malaise après ses séances au gymnase ou ses compétitio­ns. Il avoue toutefois que ses genoux pourraient le forcer à mettre un terme à ses activités.

« Je fais beaucoup d’exercices de souplesse, a dévoilé M. Perron pour expliquer sa longévité dans ce sport. J’ai des problèmes de genoux, comme tout le monde, mais je me considère comme chanceux d’être en santé. »

Preuve que rien n’arrêtera cet homme de fer, il a repris l’entraîneme­nt seulement trois semaines après avoir subi un accident vasculaire cérébral et un arrêt cardiaque le 1er janvier 2018.

Il souhaite maintenant soulever 55 kg à l’arraché et 70 kg à l’épaulé-jeté, vendredi, au Centre Pierre-Charbonnea­u. S’il y arrive, il devrait conserver son titre, puisqu’il avait été sacré champion avec des marques de 53 et 66 kg, l’an dernier à Barcelone.

« À moins d’un imprévu, je devrais gagner, a-t-il dit avec confiance. Si j’y arrive, je vais être très content de moi. Mais que j’y arrive ou non, je vais continuer. »

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