Un remake qui change tout
L’étonnante relecture de Beverly Hills 90210 pourrait faire école
Au coeur d’une ère de remakes et reboots en tous genres, celui de Beverly Hills 90210 sort du lot en mariant nostalgie, nouveauté et inventivité. Trente ans après avoir changé le visage des séries pour ados, le célèbre soap pourrait amorcer une révolution susceptible d’aider une industrie télévisuelle et cinématographique en sérieux manque d’imagination.
Diffusée mercredi dernier sur FOX et Global, la première de BH90210 a probablement déstabilisé plusieurs fans des débuts, qui s’attendaient à retrouver leurs héros de jeunesse.
Car BH90210 n’est pas qu’une simple remise à jour des personnages qui ont marqué toute une génération de téléspectateurs. Il s’agit d’une audacieuse mise en abyme dans laquelle les acteurs, qui jouent leurs propres rôles, s’unissent pour redonner vie au feuilleton. À défaut de renouer avec Brandon, Brenda, Kelly, Steve, Donna, David et Andrea, on se reconnecte avec Jason Priestley, Shannen Doherty, Jennie Garth, Ian Ziering, Tori Spelling, Brian Austin Green et Gabrielle Carteris.
Sur papier, cette formule laissait présager un flop monumental. Mais après avoir regardé le premier épisode, force est d’admettre qu’on avait tort. Sans crier au génie, on peut néanmoins citer Paula (France Castel) dans Les jeunes loups en déclarant qu’effectivement, « la game vient de changer ».
PLEIN D’AUTODÉRISION
Dans BH90210, les comédiens jouent des versions exagérées, romancées d’euxmêmes dans une intrigue qui reflète habilement la réalité. Ainsi, la minisérie de six épisodes s’ouvre en montrant les acteurs (devenus, n’ayons pas peur des mots, des
has been) convergeant vers un congrès de fans de Beverly Hills 90210.
S’inspirant des perceptions du public envers chacune des stars du roman-savon culte, les auteurs dépeignent Tori comme une maman fauchée prête à tout pour renflouer son compte en banque, Brian comme un acteur condamné à vivre dans l’ombre d’une épouse beaucoup plus populaire (dans la vraie vie, Brian Austin Green est marié à Megan Fox), Jason comme un réalisateur frustré, etc. Et bien entendu, on sous-entend que Jennie et Shannen se détestent, un clin d’oeil aux nombreuses rumeurs de crêpages de chignons lors des quatre premières saisons.
Contre toute attente, la magie opère, en grande partie grâce à l’autodérision des comédiens, qui prennent un plaisir évident à rire d’eux-mêmes. Les codes propres aux soaps sont également bien utilisés. Sexe, jalousie, adultère… On a déjà hâte au prochain épisode.
UNE LEÇON À RETENIR
La vague de remakes qui déferle aux États-Unis depuis quelque temps, tant au petit qu’au grand écran, nous fait craindre le jour où 50 % des séries et des longs métrages sentiront le réchauffé. Rien qu’au cours des dernières années, on nous a servi
des remakes/reboots de Will and Grace, Riverdale, Charmed, Dynasty, Melrose Place, Roseanne, The X-Files, Full House,
Hawaii Five-0, Murphy Brown, alouette. Et sans surprise, les résultats n’ont pas tous été concluants.
Devant cette tendance lourde, BH90210 sert une bonne leçon à Hollywood. Si l’on tient mordicus à ressortir de vieilles séries et de vieux films des boules à mites, on n’est pas obligé de copier bêtement la recette originale. On peut utiliser son imagination pour pousser l’exercice un peu plus loin et, qui sait, innover.