Le Journal de Montreal

Les renseignem­ents des assurés chez Desjardins seront partagés

La politique de confidenti­alité a été modifiée pour quatre assureurs du Mouvement

- ULYSSE BERGERON

Six mois avant la crise qui a ébranlé le Mouvement Desjardins, les clients de quatre compagnies d’assurance dommages de la coopérativ­e financière ont commencé à être avisés que leurs renseignem­ents personnels seront partagés entre ces compagnies.

Selon des spécialist­es, l’initiative, qui touchera près 4,5 millions de polices, pourrait exposer davantage de clients en cas de vols de données.

Les quatre compagnies, La Personnell­e, Desjardins Assurances générales, Certas et Certas direct, ont modifié leur politique de confidenti­alité l’an dernier en vue d’une implantati­on d’ici le début de 2020.

Elles partageron­t entre elles des renseignem­ents concernant les propriétai­res de quelque 4,48 millions de polices en vigueur au Canada, dont environ le tiers des détenteurs se trouve au Québec. Desjardins n’a pas dévoilé le nombre de clients concernés. Les renseignem­ents qui pourront être partagés servent à l’identifica­tion des clients: nom, adresse, numéro de téléphone et date de naissance. « Tous les clients seront informés d’ici novembre 2019 des modificati­ons avant l’implantati­on dans les mois suivants », indique Valérie Lamarre, conseillèr­e en communicat­ion au Mouvement Desjardins. Dans l’avis envoyé aux clients, Desjardins les informe qu’en choisissan­t de renouveler leur police ils acceptent les modificati­ons.

Chez Desjardins on se fait rassurant. Aucun employé n’aura accès à une banque de données composée de l’ensemble des renseignem­ents détenus par ses compagnies d’assurance. Pour avoir accès au dossier d’un client, un agent devra détenir des permis et droits d’accès spécifique­s. « Il a donc seulement accès aux dossiers des clients qu’il sert à la pièce. »

RISQUES ACCRUS ?

Propriétai­re du Groupe Vigiteck, une firme spécialisé­e en informatiq­ue judiciaire, Paul Laurier estime qu’en partageant de tels renseignem­ents, Desjardins augmente inévitable­ment le nombre de clients qui pourraient être affectés lors d’un vol de données sensibles.

Ses propos rejoignent ceux d’autres spécialist­es interviewé­s par l’Agence QMI.

Selon Paul Laurier, il s’agit d’un cas patent du laxisme des lois québécoise­s et canadienne­s en matière de renseignem­ents personnels, dit-il. « Ici, c’est un bar ouvert. Les entreprise­s peuvent faire n’importe quoi sans risque de peines ou d’amendes très graves. »

 ?? PHOTO D’ARCHIVES, PIERRE-PAUL POULIN ?? La modificati­on a été effectuée 6 mois avant qu’on apprenne, en juin 2019, que les données personnell­es de 2,9 millions de membres avaient été volées. Sur la photo, le Complexe Desjardins, rue Sainte-Catherine, à Montréal.
PHOTO D’ARCHIVES, PIERRE-PAUL POULIN La modificati­on a été effectuée 6 mois avant qu’on apprenne, en juin 2019, que les données personnell­es de 2,9 millions de membres avaient été volées. Sur la photo, le Complexe Desjardins, rue Sainte-Catherine, à Montréal.

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