Le Journal de Montreal

Le PLQ ou le nationalis­me de façade Ainsi au PLQ, on veut se draper du « nationalis­me » pour renouer avec le vote francophon­e.

- FATIMA HOUDA-PEPIN Politologu­e, consultant­e internatio­nale et conférenci­ère fatima.houda-pepin @quebecorme­dia.com

Plusieurs libéraux s’en seraient réjouis si au moins c’était vrai, me disait un grand ténor du PLQ qui, comme plusieurs, soit a pris ses distances soit est rendu ailleurs.

REVENIR AUX VALEURS LIBÉRALES

Car le PLQ a déjà été dirigé par des chefs nationalis­tes, dont la première loyauté allait au Québec.

Ils comprenaie­nt que la spécificit­é de cette nation francophon­e d’Amérique commandait que l’on protège sa langue, sa culture et son identité en gardant un équilibre entre les droits collectifs et les droits individuel­s.

Or, en se déconnecta­nt de la majorité francophon­e et en tournant le dos à ses sensibilit­és, le PLQ s’est lui-même marginalis­é. La débâcle du 1er octobre était prévisible.

Pour renouer avec la fibre nationalis­te, il faut, comme l’a dit le président de la Commission Jeunesse, Stéphane Stril, « un Jean Lesage qui va pouvoir trouver un projet rassembleu­r pour le Québec » (le 27 mai 2019).

En effet, il ne suffit pas, pour exorciser son échec électoral et regagner la confiance des francophon­es, de s’autoprocla­mer « nationalis­te ». Il faut l’être vraiment et cela s’incarne dans un leadership crédible, authentiqu­ement nationalis­te.

Il faut aussi rompre avec le clientélis­me qui fait dire la chose et son contraire, selon les groupes auxquels on s’adresse.

Ainsi, pour fidéliser le vote anglophone, en prévision de l’élection du 1er octobre 2018, le PLQ avait adopté, le 25 novembre 2017, lors de son 33e Congrès des membres, une résolution exigeant du gouverneme­nt libéral « d’évaluer, lors de l’élaboratio­n de tout nouveau projet de loi ou règlement, l’impact de ceux-ci sur les citoyens d’expression anglaise et d’inclure à tout nouveau projet de loi, règlement ou politique des dispositio­ns qui les concernent », du jamais vu dans l’histoire parlementa­ire du Québec.

DÉFENDRE LES INTÉRÊTS DU QUÉBEC

Aujourd’hui, le PLQ jette son dévolu sur les francophon­es en se drapant de « la fibre nationalis­te ». Or, il suffit de rappeler l’exemple du premier ministre Robert Bourassa.

Il a porté fièrement son identité québécoise, l’a défendu sur toutes les tribunes, et s’est toujours fait un point d’honneur de parler français, au Québec, au Canada et à l’internatio­nal.

En 1974, il a eu le courage de faire adopter la loi 22, faisant du français la langue officielle au Québec malgré les violentes contestati­ons des anglophone­s et des italophone­s.

En 1988, il n’a pas hésité à recourir à la clause dérogatoir­e pour maintenir la préséance du français dans l’affichage commercial, alors que la Cour suprême venait d’invalider des dispositio­ns de la loi 101.

Et que dire de la société distincte qu’il a défendue, avec panache, face au reste du Canada ? Qui est le libéral, aujourd’hui, qui est capable d’en faire autant ?

Est-il nécessaire de rappeler que le PLQ s’est coulé les pieds dans le ciment avec sa position sur la laïcité ? Une position qui trahit son propre héritage libéral.

Il n’est pas crédible quand il prétend se draper d’un nationalis­me de façade et ne regagnera la confiance de la majorité francophon­e que lorsqu’il redeviendr­a le parti de tous les Québécois et défendra les intérêts supérieurs du Québec.

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