Le Journal de Montreal

Un jury aux considérat­ions humaines

- ARNAUD KOENIG-SOUTIÈRE – Avec l’Agence QMI

QUÉBEC | Le verdict d’homicide involontai­re qu’a reçu Michel Cadotte n’aurait pas été le même sans la clémence du jury, estiment des criminalis­tes.

Les 12 jurés ont opté pour l’homicide involontai­re au lieu du meurtre au deuxième degré, car ils ont considéré l’état dépressif dans lequel était plongé l’accusé au moment d’étouffer, avec un oreiller, sa femme lourdement atteinte d’Alzheimer.

Avec comme trame de fond le débat sur l’aide médicale à mourir, l’émotion a probableme­nt joué un rôle prépondéra­nt dans la délibérati­on du jury, croit Pierre Rainville, professeur de droit pénal à l’Université Laval.

« C’est un verdict qui me paraît fondé sur la clémence », observe-t-il, jugeant toutefois qu’il est « délicat » de se prononcer sur la question sans avoir assisté à l’intégralit­é du procès.

L’intention de l’accusé au moment de commettre son geste distingue l’homicide involontai­re du meurtre au deuxième degré.

UN HOMME PERTURBÉ

Or, « les jurés ont retenu la thèse présentée par la défense à l’effet que l’état mental de M. Cadotte était suffisamme­nt perturbé au moment des faits » pour écarter l’accusation de meurtre au deuxième degré, en déduit le criminalis­te Maxime Roy.

Ce verdict permet à Michel Cadotte d’éviter la possibilit­é d’une peine à perpétuité, alors que pour l’homicide involontai­re, la « fourchette très large de peines » pourrait lui valoir de quelques mois à plusieurs années derrière les barreaux, précise Me Roy.

« La décision qui a été rendue peut se comprendre humainemen­t, mais peut-être pas juridiquem­ent. Elle indique les imperfecti­ons du Code criminel », observe Pierre Rainville, relevant la rigidité de la loi.

« La compassion n’est pas un moyen de défense, peu importe l’infraction, à commencer par le meurtre. La dépression n’est pas non plus un moyen de défense », rappelle-t-il.

« Je pense que les jurés, après avoir entendu l’accusé témoigner, les psychiatre­s également, ils ont donné un

break à l’accusé », ajoute le criminalis­te Jean-Pierre Rancourt.

L’affaire Cadotte a aussi remis à l’avant-scène la question du consenteme­nt pour obtenir l’aide médicale à mourir, croit Me Roy. Pour lui, il faut trouver des solutions pour éviter qu’un tel cas se reproduise.

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