Le Journal de Montreal

L’Art de faire rire

- LOUISE BOURBONNAI­S Art, à l’affiche au Rideau Vert en supplément­aires jusqu’au 2 mars.

Le Théâtre du Rideau Vert a visé juste avec la pièce Art. Le trio d’acteurs vedettes composé de Benoît Brière, Martin Drainville et Luc Guérin séduit par son jeu et met en valeur un texte qui nous fait sourire en coin. Voilà une pièce qui brille par son humour intelligen­t sur l’amitié entre trois hommes et leurs points de vue divergents sur l’art.

La prémisse du texte français de Yasmina Reza est des plus farfelues.

Elle se joue autour d’un tableau, un cadeau que s’est offert Serge (Benoît Brière), qui voue une passion pour l’art contempora­in. Si bien qu’il décide de se procurer une toile d’un grand artiste en déboursant la coquette somme de 100 000 $. Jusque-là, il n’y aurait pas de quoi faire une pièce. Mais c’est que le tableau en question est blanc. Pratiqueme­nt tout blanc ! Si l’éclairage le permet, on verra peut-être quelques nuances de blanc, sans plus.

Fier de montrer son tableau à ses deux amis, on verra que les réactions seront d’emblée amusantes.

D’abord, son ami Marc (Martin Drainville) est complèteme­nt outré devant l’acquisitio­n de cette toile blanche achetée à un prix exorbitant. Sans mettre de gant blanc, il déclara sans détour qu’il s’agit là d’un préjudice pour autrui, pire encore, de la « merde », et ce, même s’il est signé par un peintre de renom. Serge quant à lui considère l’oeuvre tel un objet sacré.

Puis, c’est au tour d’Yvan (Luc Guérin) d’entrer en scène et d’ajouter son grain de sel. À lui seul, il parvient à dérider la salle entière. Contrairem­ent à son ami Marc, il sait tenir des propos plus nuancés vis-à-vis du fameux tableau, du moins au départ. Yvan, c’est l’ami conciliant et diplomate qui s’adapte à chacun, mais pour combien de temps ?

AMITIÉ VACILLANTE

La pièce, qui vacille entre l’humour et le drame, rend compte d’une amitié tout aussi vacillante. Rapidement, on comprendra que la discorde entourant la toile n’est que la pointe de l’iceberg. Même si l’amitié qui lie les trois hommes existe depuis 30 ans, elle est loin d’être solide. La discorde entourant la fameuse toile sera l’occasion de se lancer au visage ses quatre vérités. Au final, c’est une belle réflexion sur l’amitié qui nous est proposée.

Quant à la mise en scène de Marie-France Lambert, qui signe sa toute première pièce, celle-ci est juste et sobre. La direction d’acteurs est impeccable, la complicité entre eux était d’ailleurs palpable. La scénograph­ie est des plus dénudés, un clin d’oeil à cette fameuse toile, dénudée à tout point de vue.

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