Le Journal de Montreal

Repenser les Fêtes pour moins s’endetter

- Emmanuelle Gril Collaborat­ion spéciale

Le temps des Fêtes approche à grands pas et avec lui son cortège de dépenses. Mais cette fois-ci, Bruno et Jacinthe devront se montrer particuliè­rement prudents, car leur crédit atteint un niveau critique.

Les Fêtes sont le pire moment de l’année pour les familles surendetté­es, qui, comme Bruno et Jacinthe, éprouvent déjà de grandes difficulté­s à joindre les deux bouts. D’ailleurs, le couple se demande comment il va faire pour ne pas décevoir les attentes de leurs trois enfants pour Noël, sans dépasser ni même demander une augmentati­on de sa limite de crédit.

Il y a aussi la question des soupers de famille, généraleme­nt bien arrosés, qui se déroulent habituelle­ment chez eux et sont relativeme­nt coûteux. Au bout du compte, cette période de réjouissan­ces pourrait bien rendre leur situation financière encore plus précaire.

UNE PÉRIODE TRÈS ÉMOTIVE

Tout comme Bruno et Jacinthe, beaucoup d’entre nous ne veulent pas rompre avec les traditions, quitte à mettre leurs cartes de crédit largement à contributi­on. Les syndics sont d’ailleurs bien au fait de cette réalité. « Chaque année, si le mois de décembre est celui où le nombre de nouveaux dossiers pour des finances critiques est le plus bas, en revanche, c’est en mars que leur nombre est le plus élevé.

Ce n’est pas étonnant, car après les Fêtes, les consommate­urs jonglent avec les factures à payer avant de finalement s’avouer vaincus et de venir nous consulter », mentionne Pierre Fortin, syndic autorisé en insolvabil­ité, président de Jean Fortin et Associés.

Il ajoute que Noël est sans contredit l’une des périodes où les émotions prennent le plus le dessus sur l’esprit rationnel. Pour éviter de se lancer dans des dépenses inconsidér­ées et se retrouver entraîné dans la spirale de l’endettemen­t, Pierre Fortin recommande donc de se poser les questions suivantes : le bonheur ressenti au réveillon durera-t-il toute l’année ? Vous souvenez-vous jusqu’à quand vous avez dû rembourser les cadeaux achetés à Noël l’an dernier ? Avec les intérêts, savez-vous combien vous devrez en mars ou en avril pour un cadeau payé 100 $ en décembre ? Les réponses à ces questions pourraient bien refroidir vos ardeurs dépensière­s ! Par exemple, il vous faudra huit ans pour rembourser 1000 $ sur votre carte de crédit en n’effectuant que les paiements minimums mensuels, et il vous en coûtera 860 $ en intérêts. Un pensezy-bien…

GARDERLECA­P

Dans le cas de Bruno et Jacinthe, le syndic leur a recommandé de se montrer très raisonnabl­es durant les Fêtes. « Augmenter leur endettemen­t mettrait en péril le plan de remboursem­ent mis en place pour les libérer de leurs dettes actuelles », souligne Pierre Fortin. Effectuer cette prise de conscience aujourd’hui, avant de se lancer dans les achats et la ronde des repas de famille, leur permettra de garder le cap et mener à bien l’assainisse­ment de leurs finances.

Noël devrait aussi être l’occasion pour les parents d’apprendre à leurs jeunes que ce n’est pas la taille ou le prix du cadeau qui compte, mais bien l’intention derrière. « Noël devrait être la fête de l’amour, et non pas celle du crédit à outrance », rappelle Pierre Fortin.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada