Une bactérie inquiétante à l’hôpital de Laval
L’eau est coupée depuis sept jours, privant les patients de leur bain
L’éclosion d’une bactérie résistante aux antibiotiques sème un « branle-bas de combat » à l’Hôpital de la Cité-de-la-Santé de Laval, mettant des patients en isolement et condamnant des salles de bain.
« C’est inquiétant […], ce sont des éclosions qui sont très dures à enrayer », soutient le vice-président du syndicat des infirmières de Laval (SIIIAL-CSQ), Déreck Cyr, à propos des entérobactéries productrices de carbapénémases.
Ces bactéries ne causent pas nécessairement des infections, mais elles sont porteuses d’un gène résistant aux antibiotiques. Ainsi, si un patient infecté attrape une pneumonie, les médicaments deviennent futiles.
Le porte-parole du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Laval, PierreYves Séguin, indique qu’à la suite du dépistage de deux patients à cette bactérie, l’Hôpital « a mis en place des mesures de prévention afin d’éviter la propagation ».
Depuis, M. Cyr affirme que quatre patients auraient contracté la bactérie et sept sont en isolement. Il explique que les mesures visent l’unité orthopédique au cinquième étage, qui comprend une trentaine de chambres.
SANSEAU
L’eau courante a été coupée depuis le vendredi 23 novembre : il est impossible pour les patients d’utiliser les toilettes, douches ou robinets.
Jean-François Houle, du Syndicat des travailleurs du CISSS de Laval-CSN, dit que trois salles de bain seraient contaminées sur cet étage. Le CISSS de Laval confirme aussi que des analyses de la tuyauterie sont en cours.
Le porte-parole du CISSS soutient que « la situation n’est pas exceptionnelle », quant à certaines des mesures déployées.
Mais leur ampleur surprend à la fois patients et employés.
« Pas d’eau courante pendant une semaine, c’est assez rare que ça arrive », plaide M. Houle.
Opéré pour un tibia cassé, Serge Ouellet est l’un des patients ayant contracté la bactérie et vivant en isolement depuis une semaine.
CONDITIONS DIFFICILES
Il déplore les conditions de vie difficiles au cinquième étage. Il ne reçoit qu’une débarbouillette mouillée pour se laver et il doit faire ses besoins dans des sacs de plastique qui sont ensuite jetés. « Ça m’inquiète », dit-il. « On essaye de comprendre pourquoi les hôpitaux n’arrivent pas à s’en débarrasser », affirme le médecin-conseil à l’Institut national de santé publique du Québec, Jasmin Villeneuve. La bactérie est présente au Québec depuis environ une dizaine d’années. Depuis deux ans, environ 200 cas sont détectés chaque année.
Même si cela paraît peu, dit-il, les conséquences de cette bactérie sont graves et il est primordial de l’éradiquer le plus vite possible.