De quoi rebâtir sur du solide
Il faudra plus qu’un quart de saison pour tracer un portrait précis du Canadien. Ce qu’on peut dire à ce stade-ci, c’est que le Tricolore fait partie des équipes qui étonnent. S’il a gagné quelque chose, c’est l’estime des amateurs. C’est déjà beaucoup.
L’équipe a une grande qualité qu’elle n’avait pas la saison dernière. Oui, elle a de l’attitude. Elle est la plupart du temps dans les matchs. Elle ne baisse pas les bras au premier obstacle. Ça aussi, c’est déjà beaucoup. L’équipe est jeune, dynamique, rapide et intéressante à regarder. Elle n’est intimidée par aucune formation. Elle a récolté un troisième point en deux matchs contre les Capitals de Washington, hier au Centre Bell, et il s’en est fallu de peu pour qu’elle suprenne les détenteurs de la coupe Stanley une deuxième fois en moins de trois semaines.
DEUX TRANSACTIONS PROFITABLES
Sans savoir ce que les 61 matchs à venir nous réservent, on peut dire que le Canadien est en train de rebâtir sur du solide.
Marc Bergevin mérite une bonne note pour les transactions qu’il a effectuées durant l’entre-saison. Max Domi et Tomas Tatar produisent. Visiblement, jouer à Montréal ne les importune pas une miette. Au contraire, ça semble les motiver.
Les deux joueurs ont des choses à prouver. La carrière de Domi ne progressait plus depuis deux ans en Arizona. Selon son père, il avait pris de mauvais plis. Il avait peut-être moins la tête au hockey sous le chaud climat du désert.
À Montréal, il baigne dans une atmosphère de hockey semblable à celle dont il s’était imprégné à Toronto, lorsque son paternel défendait avec vigueur les couleurs des Maple Leafs. Il a un ascendant sur Jonathan Drouin.
Quant à Tatar, il connaissait une baisse de régime marquée quand les Red Wings de Detroit l’ont échangé aux Golden Knights de Vegas, en février dernier. Les choses ne se sont pas arrangées dans la capitale du jeu. Il a été écarté de la formation dans une douzaine de matchs lors des séries.
Montréal lui fait le plus grand bien. Les joueurs européens se plaisent ici, c’est bien connu.
La belle tenue de ces deux joueurs ne signifie pas, par contre, qu’il faille lancer la pierre à Alex Galchenyuk et Max Pacioretty. Les deux ont donné de belles saisons au Canadien, mais ça ne fonctionnait plus pour eux à Montréal.
Galchenyuk ne justifiait pas son salaire, tandis qu’il aurait été risqué de céder aux demandes contractuelles de Pacioretty.
LE FUTUR CENTRE NUMÉRO UN
De son côté, Jesperi Kotkaniemi donne raison à l’état-major du Canadien de l’avoir choisi troisième au repêchage de juin dernier. À un rythme d’un point par deux matchs, il se dirige vers une récolte d’une quarantaine de points.
Il y a longtemps qu’on a vu ça à Montréal. Le dernier attaquant recrue du Tricolore à avoir atteint ce cap fut Saku Koivu, qui amassa 45 points (20 buts et 25 mentions d’aide) lors de la saison 1995-1996.
La marque de 71 appartient conjointement à Mats Naslund, qui avait inscrit 26 buts et obtenu 45 passes en 1982-1983, et son compatriote suédois Kjell Dahlin, qui avait marqué 32 buts et récolté 39 aides.
Kotkaniemi n’atteindra pas ces chiffres, mais on sait une chose : dans un an ou deux tout au plus, il sera le premier joueur de centre de cette équipe.
PRICE REPARTI POUR DE BON ?
Pour ce qui est de savoir jusqu’où le Canadien ira cette saison, c’est encore le rendement de Carey Price qui dictera sa destinée, n’en déplaise à ceux qui en ont marre que le sort du Tricolore repose depuis trop longtemps sur les épaules de son gardien.
Les trois dernières sorties de Price ont été très encourageantes, mais c’est à souhaiter qu’il soit capable de poursuivre dans cette voie.
À pareille date l’an dernier, il était à l’écart du jeu en raison d’une blessure. À son retour, il avait aidé les siens à remporter cinq victoires consécutives, ce qui avait permis au Canadien de s’approcher du troisième rang de sa division.
Mais l’équipe s’était ensuite effondrée. Elle subissait des défaites par jeux blancs à répétition et accordait des buts à la tonne.
Elle est encore trop généreuse jusqu’ici cette saison. En fait, sa moyenne de 3,25 buts accordés est au-delà de celle de la saison dernière (3,15). Mais la hausse de sa production offensive (3,20 comparativement à 2,52 l’an dernier) contribue à faire le contrepoids.
Espérons que la rentrée prochaine de Shea Weber stabilise la situation à la défense.