Chutes mortelles de 45 mètres
Un viaduc autoroutier s’est effondré sous les roues des automobilistes qui le traversaient à Gênes, en Italie
GÊNES, Italie | (AFP) L’Italie était sous le choc hier après l’effondrement d’un viaduc autoroutier à Gênes dans le nord du pays qui a précipité des dizaines de personnes dans le vide.
Hier soir, des sources au ministère de l’Intérieur citées par les médias italiens ont donné un bilan de 31 morts et 16 blessés, dont 12 graves.
« C’est une catastrophe qui a frappé Gênes et toute l’Italie. Un drame effrayant et absurde s’est abattu sur des personnes et des familles », a déclaré le président italien Sergio Mattarella.
Les images sont spectaculaires et donnent froid dans le dos. Une large section du viaduc s’est écrasée sur des bâtiments situés sous celui-ci. Une trentaine de voitures et de camions ont été précipités vers le sol.
Depuis la Sicile, le ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini, a promis que les responsables allaient « payer, payer tout et payer cher ».
Le drame s’est déroulé en fin de matinée, sous une pluie battante. Dans un énorme grondement, qui a fait craindre aux riverains un tremblement de terre, le pont dit Morandi, du nom de son concepteur, s’est effondré sur plus de 200 mètres.
QUÉBÉCOIS TÉMOINS
Adèle Robertson, une femme originaire du Lac-Saint-Jean a été témoin du drame, elle qui se trouvait sur place en vacances accompagnée de son conjoint et de son fils de 15 ans.
La famille, à bord d’un véhicule motorisé, se situait à 300 mètres du viaduc lorsque celui-ci s’est écroulé.
« On était dans le tunnel juste avant de prendre le pont. Le trafic s’est arrêté en avant de nous », a raconté Mme Robertson, à TVA Nouvelles.
« Tout à coup, on a vu des voitures qui tournaient, des gens disaient qu’il y avait une tragédie, a-t-elle poursuivi. On essayait de comprendre […] Les gens étaient paniqués. Les autos tournaient à contresens. [...] On entendait les policiers, les pompiers, les alarmes... »
Ce n’est qu’après coup que la famille québécoise a réalisé l’ampleur de la tragédie, et surtout la chance qu’elle a eue.
« On se dit que si nous sommes passés à côté, c’est que ce n’était pas notre heure », a affirmé Mme Robertson.
Hier soir à la tombée de la nuit, dans un amas impressionnant de tôles et de béton, des centaines de secouristes fouillaient encore les décombres du viaduc, avec l’aide de chiens, à la recherche de survivants.
PROBLÈMES DÈS LE DÉBUT
Selon des experts, le pont Morandi, long de 1,18 km, est un ouvrage en béton de la fin des années 1960 qui a connu des problèmes structurels dès sa construction et faisait l’objet d’un coûteux entretien lié en particulier aux fissures et à la dégradation du béton.
AU QUÉBEC AUSSI
Ce drame n’est pas sans rappeler celui du viaduc du Souvenir, à Laval.
Le 18 juin 2000, il s’était effondré, causant la mort d’une personne et en blessant gravement deux autres.
Le rapport du coroner de la victime évoquait une construction marquée par l’incompétence et l’improvisation.
Le 30 septembre 2006, toujours à Laval, c’est le viaduc de la Concorde qui s’écroulait sur l’autoroute 19, tuant cinq personnes et en blessant six autres.
À la suite de cette tragédie, une commission d’enquête avait établi un lien entre le déficit d’entretien de la structure et son effondrement.