Des entreprises québécoises en péril à cause des tarifs de Trump
Les petits transformateurs d’aluminium et d’acier commencent déjà à écoper
La surtaxe de 10 % imposée aux importations canadiennes d’aluminium a à peine une semaine que déjà son effet se fait sentir chez les 1400 entreprises québécoises de transformation du métal gris. Certaines d’entre elles se disent carrément en péril.
À Saguenay, le transformateur PCP Aluminium a annoncé hier la coupure d’un quart de travail, ce qui affectera une trentaine de travailleurs.
Soixante autres pourraient être touchés sous peu, selon le PDG de l’entreprise, Michel Lavoie.
Comme la plupart des transformateurs d’aluminium de la province, le fabricant de plaques coulées et de blocs de moulage est « en mode gestion de crise » depuis la semaine dernière, a-t-il dit en entrevue.
Cent pour cent de ses clients sont américains et ils ont signalé sans équivoque qu’ils n’avaient pas l’intention d’absorber la hausse du prix de ses produits.
DES PME FRAGILES
Contrairement aux géants du secteur primaire que sont Rio Tinto, Alcoa et Alouette, les transformateurs, pour la plupart des PME, n’ont pas les reins assez solides pour faire face à cette nouvelle inattendue. Leurs quelque 17 000 employés sont sur le qui-vive.
« On n’a pas du tout la marge de manoeuvre pour absorber une surtaxe de 10 % », s’inquiète M. Lavoie.
Avec des usines fonctionnant 24 heures sur 24 à Victoriaville, Bécancour et Princeville, Sural Canada tente aussi à l’heure actuelle de réduire ses coûts. Mais l’interruption des machines occasionnerait des dépenses considérables. Il faut donc regarder ailleurs, dit le vice-président aux finances, Stéphane Amyot.
« Nos produits sont exportés à 95 % aux États-Unis, alors c’est énorme comme impact pour nous et nos 150 employés. Toutes les options sont sur la table. C’est certain qu’on ne peut pas absorber les tarifs, alors on va prendre les mesures qu’il faut pour assurer la rentabilité. »
La PDG de la grappe AluQuébec, Marie Lapointe, affirme que la nouvelle a eu l’effet d’une douche froide chez ses membres.
Ce secteur s’est fixé comme objectif de doubler la transformation d’aluminium au Québec d’ici 2025, par rapport à 2014.
Les exportations atteignent aujourd’hui 6,6 milliards $.
« On était très confiant de pouvoir atteindre notre objectif. Mais l’imposition de tarifs compromet la croissance de plusieurs compagnies. Aujourd’hui, plusieurs sont dans une situation très précaire. C’est la consternation en ce moment. »
Tous trois attendent impatiemment l’aide promise par Québec pour les transformateurs d’aluminium. Il en va de la survie de plusieurs entreprises.