Radio-Canada se dit bâillonnée par les policiers
VAL-D’OR | Radio-Canada et la journaliste Josée Dupuis estiment que la poursuite de 3,4 millions $ déposée par les 48 policiers de Val-d’Or est une poursuite-bâillon qui vise à faire taire les femmes autochtones et la société d’État.
En octobre 2016, les policiers de Val-d’Or ont entamé une poursuite en diffamation contre l’émission Enquête et Josée Dupuis, qui a réalisé le reportage intitulé Abus de la SQ : les femmes brisent le silence. Ils soutiennent que le reportage est « biaisé, trompeur et le contenu est inexact, incomplet et mensonger ».
Ils disent que les policiers de Val-d’Or sont dépeints comme étant racistes, méprisants et auteurs d’abus physiques et sexuels à l’égard des femmes autochtones.
Radio-Canada (SRC) a tenté en vain à deux reprises depuis l’été dernier de convaincre un juge que la démarche était abusive et qu’il s’agit d’une poursuite-bâillon.
« INTIMIDATION »
« Elle [la poursuite] constitue une forme d’intimidation à l’égard des femmes qui ont témoigné dans ce reportage ainsi que celles qui ont déposé des plaintes au SPVM [police de Montréal] à la suite dudit reportage », peut-on lire dans la requête.
La société d’État allègue également que les policiers souhaitent orienter le débat public en leur faveur.
La SRC soutient qu’en faisant taire les sources, la poursuite a un effet direct sur la possibilité qu’a la société d’État de jouer son rôle d’informer le public.
ÉCHECS DE LA SRC
Or, à deux occasions, Radio-Canada a été déboutée dans sa demande d’un débat d’urgence pour faire tomber la poursuite. La SRC devra donc attendre jusqu’au 19 mai prochain pour se défendre.
Selon le juge de la Cour d’appel Mark Schrager, la prétention de la société d’État que les femmes autochtones se sentent intimidées et hésitent de parler aux journalistes n’est appuyée sur aucune preuve.
Le juge Schrager ajoute que les femmes autochtones ne sont pas visées par la poursuite des policiers.