La prof qui aime les « p’tits tannants »
Carmen Roberge accueille des élèves turbulents dans sa classe pour un moment de répit
Avec son énergie débordante et sa bonne humeur à toute épreuve, Carmen Roberge aime profondément tous ses élèves, y compris les « p’tits tannants » qu’elle accueille souvent dans sa classe afin de permettre à d’autres collègues de souffler un peu.
Près de son bureau, devant sa classe de 3e année, on peut lire sur une affiche jaune bien en vue : « Les enfants ont besoin d’amour, surtout ceux qui ne le méritent pas. »
Presque tous les jours, Mme Roberge accueille des élèves turbulents qui ont vécu une période difficile avec un autre enseignant, pour un moment de répit.
« C’est très rare que ça dégénère. Neuf fois sur dix, je suis capable d’entrer en relation avec eux. Je les aime », lance-t-elle.
UNE APPROCHE POSITIVE
Lors du passage du Journal, un élève de 5e année était assis dans le fond de sa classe. Sa journée avec une suppléante n’avait pas bien commencé, explique Mme Roberge.
Cette enseignante passionnée prend aus- si sous son aile des élèves différents ou mis à l’écart « en misant sur leurs différences de façon positive », explique Brigitte Nehma, la mère d’un de ses anciens élèves.
Son fils Loïc a vécu beaucoup d’intimidation au début du primaire jusqu’à ce qu’il « atterrisse » dans la classe de Mme Roberge, qui est rapidement intervenue pour que la situation change.
Elle l’a ensuite encouragé à faire partie du spectacle amateur qu’elle organise avec une équipe de bénévoles de l’école depuis une quinzaine d’années. « Si Loïc est aujourd’hui un adolescent épanoui, nous le devons à Carmen », affirme Mme Nehma.
DES ÉTOILES DANS LES YEUX
Elle n’est probablement pas la seule à pouvoir en dire autant. Au fil des ans, cette enseignante a fait briller des étoiles dans les yeux de plusieurs jeunes qui avaient l’habitude de venir à l’école à reculons.
Chaque année, elle coache et dirige en dehors des heures de classe des dizaines d’élèves qui veulent participer au spectacle amateur de l’école, mais qui n’ont pas de soutien à la maison pour les aider à répéter.
« Pour un enfant de 5e ou 6e année qui n’est pas bon à l’école, de performer devant « Je rendrais la tâche des enseignants plus flexible. Présentement, c’est très compartimenté. J’ajouterais aussi plus de services pour les élèves, parce qu’il n’y en a pas assez. » ses pairs, ça a un impact super positif. Ça vaut des millions de dollars de voir ça », lance-t-elle les yeux brillants.
UNE ENSEIGNANTE QUI INNOVE
En plus de ce spectacle d’envergure auquel ont participé 185 élèves cette année, Mme Roberge organise avec des collègues depuis plusieurs d’années la classe verte et la fête de la rentrée, où jeux gonflables et canon à mousse sont au rendez-vous. « On fait ça en grand ! », dit-elle.
Mme Roberge fait aussi partie de ceux qui innovent et essaient « des nouvelles affaires » en classe. Elle a été la première enseignante de son école à se lancer dans un projet de classe techno, il y a six ans, même si elle « ne comprend pas encore tout ».
« Mes élèves sont meilleurs que moi, mais je le fais pareil ! », affirme-t-elle.
Mais ce qu’elle aime par-dessus tout, c’est la relation avec les élèves et le sentiment d’appartenance en classe.
À un point tel qu’il lui est « impensable » d’envisager de travailler quatre jours par semaine, comme le font plusieurs enseignants.
Mme Roberge refuse même de prendre congé si elle n’arrive pas à trouver un suppléant qui lui convient. « Je le sais, je n’ai pas d’allure ! », lance-t-elle.
Enseignante depuis 19 ans à l’école internationale Wilfrid-Pelletier à Anjou, Carmen Roberge a su se forger toute une réputation au fil des ans.
« J’essaie d’être à la hauteur », dit-elle en souriant.
Lily-Jeanne, une de ses élèves qui rêvait d’être dans sa classe depuis la première année, n’a vraiment pas été déçue, au contraire : « Elle est amusante, toujours de bonne humeur et juste. Il n’y en a pas deux comme elle. »