Le Journal de Montreal

My Week-End in Ottawa

- MARTINEAU richard.martineau @quebecorme­dia.com

Je suis allé passer le long week-end à Ottawa, montrer le magnifique Musée de la guerre à mon fils et voir la superbe expo des impression­nistes au Musée des beaux-arts.

Et comme chaque fois où je suis allé dans la capitale nationale, je me suis rendu compte à quel point c’est difficile de s’y faire servir en français.

LAURIER CASTLE

La pire expérience s’est déroulée au Château Laurier, où nous nous sommes arrêtés pour prendre un verre.

Le serveur ne connaissai­t pas un traître mot de français. Pas un. Même pas « Bonjour » ou « Merci ». Rendu là, c’est de la mauvaise foi totale. D’ailleurs, une de ses collègues francophon­es nous a dit que le bonhomme baragouine quelques mots de français, mais qu’il refuse de le faire, par principe.

Quand des clients francophon­es lui parlent, il fait comme s’il ne comprenait pas ce qu’ils disent…

Comme ma femme lui a dit dans un anglais impeccable : « Monsieur, considérez-vous comme chanceux. Jamais un francophon­e unilingue ne pourrait travailler comme serveur au Château Laurier, mais vous, vous n’avez eu aucun problème à décrocher un boulot ici même si vous ne pouvez même pas dire “Bonjour” en français !

« Je trouve ça insultant de ne pas pouvoir me faire servir en français dans la capitale nationale de mon pays qui, jusqu’à preuve du contraire, a deux langues officielle­s !

« Vous connaissez ce que veut dire le mot “pourboire” ? Eh bien, vous n’en aurez pas. »

KONICHIWA, HI

Ça s’est répété à de nombreuses reprises au cours du long week-end.

Qu’on ne me parle pas en français à Flin Flon, Manitoba, ou à Calgary, Alberta, pas de problème, je ne crois pas au mythe du bilinguism­e Coast to Coast, tel qu’il a été galvaudé par Trudeau père. Mais à Ottawa ? Cette situation est d’autant plus inacceptab­le que j’ai croisé de nombreux Québécois qui étaient tout heureux de profiter de ce long congé pour visiter leur capitale nationale. Là-bas, il n’y a pas de « Bonjour, Hi » dans les commerces. C’est « Hi » tout court. Le bilinguism­e, ils n’en ont rien à foutre. Et pendant ce temps, les anglos du Québec disent qu’ils ne sont pas bien traités. Bou hou hou ! Mais que voulez-vous, c’est le Canada de Trudeau fils. Un pays sans identité propre. Une courtepoin­te de groupes ethniques qui se côtoient.

Les francophon­es n’occupent pas une place plus importante que les immigrants d’origine indienne qui parlent le punjabi. D’ailleurs, savez-vous que le réseau CBC utilise une partie de son financemen­t pour diffuser les matches de la LNH en punjabi ?

Pas sûr que la radio publique japonaise diffuse les tournois de sumo en espagnol ou en russe.

Ou que dans les commerces de Tokyo, on accueille les clients en disant « Konichiwa, Hi ».

UN BEAU PAYS

Le bilinguism­e est mort ? Ottawa est une ville unilingue anglophone ? Parfait, qu’on le dise haut et fort, alors, et qu’on cesse de se raconter des histoires !

Malgré ça, j’ai bien aimé mon long week-end à Ottawa. C’est comme aller en Suède ou aux États-Unis. C’est un bien beau pays, le Canada. Poli, propre. Et c’est juste à côté.

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