Marquis sans peur et sans reproche
Philippe Marquis est parvenu à se qualifier pour la finale sur une seule jambe
BOKWANG | Aux Jeux olympiques, il y a certaines victoires qui ne sont pas comptabilisées au tableau des médailles. Philippe Marquis en a remporté une lors des qualifications masculines de ski de bosses.
Il y a quelques semaines, lors d’un entraînement en Utah, il s’est déchiré le ligament croisé antérieur du genou droit, et sa participation aux JO était compromise.
Il ne s’est pas laissé déranger par certains commentaires qui mentionnaient que son souhait était un peu irréaliste. C’était mal connaître le personnage. Marquis a été capable de convaincre l’équipe médicale, et il était en haut de la piste sud-coréenne vendredi [jeudi soir au Québec] pour les qualifications.
Non seulement il est parvenu à effectuer sa descente, mais elle a été très solide dans les circonstances.
« La veille, je ne croyais pas réellement que je serais en mesure de descendre le parcours de haut en bas, a raconté Philippe Marquis avec le sourire aux lèvres. Je ne savais pas comment j’allais me rendre du point A au point B, mais je voulais essayer.
Lors des qualifications, c’était la première fois que je faisais une course complète parce qu’on ne voulait pas trop prendre de risques avec mon genou. J’ai fait confiance à mon expérience et à mes repères des dernières années. »
Quelques minutes plus tard, il a eu la confirmation de sa huitième place et de l’obtention de son billet pour la finale. Un petit miracle. Celui de la détermination et du courage d’un athlète.
« Je n’ai jamais été aussi heureux d’être aussi loin dans le classement, a-t-il confié en riant. En temps normal, je serais en train de pleurer et de m’apitoyer sur mon sort. Aujourd’hui, je n’ai jamais eu un sourire aussi satisfait. C’est une sacrée belle victoire ! »
INSPIRÉ PAR SHAPOVALOV
Un triomphe personnel remporté dans la douleur. Celleci n’a toutefois pas empêché Marquis d’avoir du plaisir sur la piste même s’il avait un doute constant dans son esprit au niveau de ses capacités physiques.
« On dit souvent qu’on sort le meilleur de soi-même dans les moments importants, a-til mentionné. Aujourd’hui, c’est un bel exemple. J’avais des doutes et j’ai fait beaucoup de visualisation.
J’ai tenté d’éviter de parler de mon genou, mais mes discussions à ce sujet revenaient toujours sur le tapis. »
Pour l’aider à entrer dans sa bulle, il a écrit des mots en anglais sur ses gants :
engage, fire, what acl ? et keep fighting. « Les deux premiers me rappelaient d’être contracté et engagé pendant ma course, a indiqué le skieur. Le troisième était par rapport à ma blessure, alors que le quatrième, je me suis inspiré du joueur de tennis Denis Shapovalov.
C’était important pour moi de me battre jusqu’au bout. »
Et il l’a fait de belle façon.
UN POTENTIEL LIMITÉ
Après deux jours de congé, il aura la chance de remettre ça lundi matin lors de la première finale. Même si sa première prestation de vendredi a été intéressante, Marquis demeure réaliste pour la suite des choses.
« Ma prochaine descente devrait être similaire à celle des qualifications, car je ne peux pas pousser mon niveau de difficulté, a souligné Marquis. Si je fais une vrille, ça met tellement de pression sur mon genou qu’il y aurait 75 % des chances qu’il ne tienne pas.
Lors des qualifs, j’ai fait un back flip, un saut que je n’ai pas fait depuis deux ou trois ans. C’est pour cette raison qu’il sera difficile de viser les grosses notes. La seule chose que je vais pouvoir faire, c’est d’obtenir un meilleur temps, mais je dois respecter mes limites. »