Une infirmière volait de la morphine pour mieux dormir
Une infirmière de Laval a reconnu avoir volé des doses de morphine et de Dilaudid pendant environ 10 mois avant de se faire prendre, parce que ces médicaments l’aidaient à dormir.
« Je m’en veux beaucoup », a récemment déclaré en larmes Geneviève Comtois, devant le Conseil de discipline de l’Ordre des infirmières. On lui reprochait non seulement d’avoir volé des narcotiques, mais aussi d’avoir eu recours à des procédés déloyaux pour se les procurer.
La vie de la jeune infirmière a basculé en 2015, quand elle a préparé une dose de Dilaudid pour une patiente de la Cité de la Santé à Laval, qui est morte avant qu’elle puisse la lui administrer. Plutôt que de jeter la seringue, Mme Comtois l’a cachée et emportée chez elle.
33 ANOMALIES
Un « geste grave », selon l’avocate de la syndique adjointe de l’Ordre, MarieÈve Giguère, que l’infirmière s’est ensuite mise à répéter. Quand ses employeurs ont découvert le pot aux roses, ils ont dénoté 33 anomalies au registre servant à suivre la trace des narcotiques.
L’infirmière avait accès à l’armoire où étaient conservés les médicaments. Lorsqu’elle volait une dose, elle l’inscrivait au registre sous le nom d’un patient, parfois même en copiant la signature d’un collègue.
L’Hôpital contre-vérifiait, à la fin de chaque quart de travail, que le nombre de doses de médicaments donnés correspondait à celui inscrit au registre.
Elle a aussi admis avoir pris les médicaments de fioles à moitié vides qui devaient être jetées. Elle remplaçait le contenu par de l’eau pour que ses collègues ne s’en aperçoivent pas. Mme Comtois s’est fait prendre quand une autre infirmière l’a vue attribuer une dose de médicaments à un patient qui venait pourtant de quitter l’hôpital.
ÉTUDES ET TRAVAIL
Au cours de son témoignage, l’infirmière a révélé qu’elle traversait une période stressante dans sa vie. Elle travaillait alors qu’elle étudiait à temps plein pour terminer son baccalauréat en sciences infirmières. Elle souffrait d’anxiété, de dépression et n’arrivait pas à dormir, a-t-elle dit.
Mme Comtois travaille dans une épicerie depuis qu’elle a perdu son emploi, mais souhaite redevenir infirmière après sa radiation. « Ça me manque terriblement », a-t-elle expliqué. Elle s’expose à une radiation de neuf mois et à une limitation de pratique, loin des narcotiques de neuf mois également.
« Ça entache la profession [...] c’est survenu très tôt dans sa pratique », a plaidé Me Giguère. Le Conseil de discipline a 90 jours pour rendre sa décision.